par Hamid Dahmani
Les
raccourcis, il y en a plein dans ce vaste territoire du pays. Pour simplifier
son chemin dans un parcours, on dit «Enqaççar» et on
choisit la voie la plus courte et la plus sommaire de la distance. Le raccourci
est une idée géniale des travaux publics pour se détourner des trajets
ennuyeux. Le raccourci est un évitement fortuit et généralement sans ennui. Le
raccourci abrège des fois les souffrances de la vie difficile. On peut
raccourcir les manches d'une veste, raccourcir une distance, raccourcir un
texte pour le rendre plus convenant ou raccourcir la vie à quelqu'un. «Passe
par cette route et tu gagneras du temps mon ami», nous conseillent les habitués
des raccourcis. Les raccourcis nous ont toujours surpris au moment de nos
flâneries. Il y a deux sortes de raccourci dans la vie. Le premier est le plus
utile sur le terrain pour gagner du temps contre la montre. Et le second, sans
garde-fous dans l'esprit des plus malins pour faire de fins calculs contre les
règles de l'intégrité. Les gens aiment prendre des raccourcis juste pour se
faire plaisir et «achètent même des raccourcis», histoire d'abréger les
désagréments auxquels ils sont confrontés dans leurs existences. Le raccourci
ne tient pas la route. C'est une chasse gardée pour les amis, les voisins, la
famille, les collègues.
On peut facilement retrouver ces «indus-raccourcis» via la mairie, la poste, la banque, la daïra et même dans des hôpitaux pour bénéficier du passe-droit sans passer par les files d'attentes pour régler les affaires personnelles sans scrupules. Pour cela, il suffit de connaitre un bon «raccourcisseur» et quelques affinités bien placées comme il y en a partout, pour prendre la place des autres tout en se la jouant comme un mec important devant les timides personnes qui font le pied de grue devant le guichet ou le bureau d'accueil. La fraude, la corruption, le vol et le népotisme sont des raccourcis interdits qui violent et scandalisent l'opinion publique. Entre un raccourci et un raccourci il y a toujours un petit raccourci tentant pour les plus effrontés dans les temps qui courent pour contourner la loi. Le scandale des fuites du baccalauréat est une affaire qui fait tache d'huile dans le bled et dans les annales des grands examens de l'enseignement. Un coup dur pour la crédibilité et le sérieux de l'enseignement. Il parait que c'est grâce à un petit raccourci sur le clavier du PC qu'un tuyau virtuel sur les réseaux sociaux sur les fameux sujets que le pot aux roses a été partagé. C'est vrai que les raccourcis sont des passages très précieux pour les tricheurs qui profitent de leurs avantages sans se soucier de leurs indélicatesses. La téléphonie et l'internet sont les bienfaits de la technologie des raccourcis qui ont leurs incommodants sur une société paresseuse qui se dévisage avec méfiance. Notre frustrante économie emprunte aussi le couloir du raccourci facile pour faire de l'informel tous azimuts. Le change parallèle prend ouvertement le raccourci et se pratique au vu et au su de tout le monde sur les trottoirs ou dans des magasins commerciaux de tissus ou d'alimentation au détriment de la banque. La vie évolue dans la tromperie avec ces maudits raccourcis. Dans le présent, les accidents de la route se sont multipliés et les chauffards appuient sur la pédale d'accélérateur pour abréger la vie des passagers, des piétons et des autres conducteurs. Le raccourci est une production cinématographique navet en série d'un cinéma muet national sans fin et sans plaisir. Les crimes crapuleux et prémédités sont aussi un raccourci de la vie, exécutés froidement par des sinistres individus cachés dans des raccourcis. Un raccourci en cache toujours un autre. Mieux vaut arriver tard que jamais, dit le dicton anti-raccoucisseur. Alors, au diable les raccourcis et ceux qui les entretiennent. L'autre jour, de bon matin, le malheureux dinar a rencontré son élégant pote dit «Omla saaba» (devise) sur le chemin d'un petit raccourci, au coin de la rue du change parallèle au numéro 18. «Tiens, cela fait une paye qu'on ne s'est pas vu, vieux papier scotché !», dit omla saaba au tristounet dinar. Et comment va ta santé vieille planche à billet ? Chouia-chouia, j'ai une chute de baril, a murmuré l'infortuné dinar. Mais ne crie pas victoire trop tôt, toi l'euro-mariole, je suis toujours weguef et bien debout et même à 30 contre 1 je continuerai à t'échanger sur la place du marché. De baril en «bermil» l'économie de bazar s'est essoufflée comme un ballon de baudruche au milieu des sentiers et des raccourcis hasardeux. Echec et mat de la politique de citations «hennini el youm we k'toulni ghadoua» (épargne-moi aujourd'hui et tue-moi demain). L'économie va mal. Les argentiers du pays vont-t-ils prendre un raccourci pour faire tourner la planche à billets comme autrefois pour faire taire les grognons ?
Il y a une citation qui dit «n'abandonne jamais la route pour le raccourci».
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