Par Hassane Zerrouky
En janvier dernier, Gidéon Levy, éditorialiste d’Haaretz (quotidien de gauche israélien), caractérisait l’année 2015 comme l’annonce du «début d’un fascisme israélien désormais dénué du moindre faux semblant». Année au cours de laquelle ont été recensés plus de 120 actes de violence raciste perpétrés par des groupes d’extrême droite politico-religieux envers les civils palestiniens. Pour le cinéaste israélien Avi Mograbi, Israël est un Etat «nationaliste, xénophobe et fasciste» (sur France Culture le 17 mars dernier).
Le 4 mai dernier, le chef d’état-major adjoint de l’armée israélienne, le général Yaïr Golan, osait la comparaison avec l’Allemagne hitlérienne : «Une chose m’effraie. C’est de relever les processus nauséabonds qui se sont déroulés en Europe en général et plus particulièrement en Allemagne, il y a 70, 80 et 90 ans. Et de voir des signes de cela parmi nous en cette année 2016.» Son propos a provoqué un torrent d’indignation, comme si la société israélienne était prémunie contre le fascisme parce que plusieurs millions de juifs ont été gazés par les nazis allemands.
En 2014, dans le Haaretz daté du 10 mai, le romancier Amos Oz alertait déjà sur des mouvements extrémistes juifs qualifiés de «néo-nazis» qui «bénéficient d’un soutien de nombre de nationalistes et même de législateurs racistes, ainsi que de rabbins qui leur fournissent, de mon point de vue, une justification pseudo-religieuse». Un mois après, sur le site de l'Union juive française pour la paix (UJFP), le militant pacifiste franco-israélien Michel Warschawski relevait qu’«Israël 2014 n’est plus seulement un Etat colonial qui occupe et réprime les Palestiniens, mais aussi un Etat fasciste, avec un ennemi intérieur contre lequel il y a de la haine ».
Depuis, les choses sont allées en s’aggravant car ces dérives, qui inquiètent des intellectuels israéliens et une bonne partie de la société civile israélienne, ne sont pas des actes isolés, 11 000 attaques contre des Palestiniens ayant été recensées entre 2004 et 2014. C’est, ajoutait Warschawski, «le résultat d’une fascisation du discours politique et des actes qu’il engendre».
Un discours rarement évoqué, sinon minimisé, en France et en Europe sous prétexte de ne pas alimenter l’antisémitisme, alors que par ailleurs le moindre propos jugé antisémite tenu par un leader palestinien est vite médiatisé. Elles sont également encouragées par le fait que 85% des plaintes palestiniennes contre les actes de violence raciste sont classées sans suite par la justice israélienne (dixit l’ONG israélienne de défense des droits de l’Homme, Yesh Din, citée par la RTBF (Radiotélévision belge). Ces violences sont le fait de groupes organisés identifiés – «les jeunes des collines», «le prix à payer», «la Ligue de défense juive» de Meir Kahane qui avait projeté de faire exploser l’esplanade des mosquées de Jérusalem, et de supporters du club de football du Beitar de Jérusalem, affirmant la «suprématie juive» !
Plus grave, ces propos racistes sont tenus au plus haut niveau du pouvoir israélien. A commencer par le vice-ministre de la Défense, le rabbin Eli Ben-Dahan, pour qui «les Palestiniens sont des animaux. Ils ne sont pas humains, ils ne sont pas autorisés à vivre» (Le Haaretz du 10 mai 2015). Ou par la ministre de la Justice, Ayelet Shaked, qui écrivait le 30 juin 2014 sur sa page Facebook : «Derrière chaque terroriste, il y a des dizaines d’hommes et de femmes sans lesquels aucun acte terroriste ne peut se faire (…) Elles devraient disparaître, tout comme les foyers dans lesquels elles ont élevé les serpents. Sans quoi d'autres petits serpents y seront élevés à leur tour», avant d’ajouter à l’intention des soldats israéliens : «leur sang (celui des civils palestiniens) ne doit pas être sur votre conscience» ( Mediapart du 15 mai 2015).
Propos en droite ligne de ceux tenus par le passé : «Les Palestiniens devraient être écrasés comme des sauterelles... leurs têtes fracassées contre des rochers et des murs», déclarait en 1988 l’ex-Premier ministre israélien Yitzhak Shamir (New York Times 1er avril 1988). Vingt ans auparavant, en 1948, le chef de la diplomatie israélienne Moshe Sharett, s’exprimant sur ces centaines de milliers de Palestiniens chassés de leurs villages, affirmait que «la majorité» d’entre eux «deviendra un rebut du genre humain et se fondra dans les couches les plus pauvres du monde arabe» (l’Humanité du 14 mai 2008).
Un «rebut du genre humain» ? Quoi d’étonnant dès lors que des enfants palestiniens soient tués chaque jour qui passe ou que le soldat franco-israélien, Elor Azaria, qui comparait en prévenu libre depuis lundi devant un tribunal de Jaffa pour avoir achevé le 24 mars dernier d’une balle dans la tête un jeune Palestinien soit salué comme un héros par une bonne partie de la société israélienne.
H. Z. IN LSA
En janvier dernier, Gidéon Levy, éditorialiste d’Haaretz (quotidien de gauche israélien), caractérisait l’année 2015 comme l’annonce du «début d’un fascisme israélien désormais dénué du moindre faux semblant». Année au cours de laquelle ont été recensés plus de 120 actes de violence raciste perpétrés par des groupes d’extrême droite politico-religieux envers les civils palestiniens. Pour le cinéaste israélien Avi Mograbi, Israël est un Etat «nationaliste, xénophobe et fasciste» (sur France Culture le 17 mars dernier).
Le 4 mai dernier, le chef d’état-major adjoint de l’armée israélienne, le général Yaïr Golan, osait la comparaison avec l’Allemagne hitlérienne : «Une chose m’effraie. C’est de relever les processus nauséabonds qui se sont déroulés en Europe en général et plus particulièrement en Allemagne, il y a 70, 80 et 90 ans. Et de voir des signes de cela parmi nous en cette année 2016.» Son propos a provoqué un torrent d’indignation, comme si la société israélienne était prémunie contre le fascisme parce que plusieurs millions de juifs ont été gazés par les nazis allemands.
En 2014, dans le Haaretz daté du 10 mai, le romancier Amos Oz alertait déjà sur des mouvements extrémistes juifs qualifiés de «néo-nazis» qui «bénéficient d’un soutien de nombre de nationalistes et même de législateurs racistes, ainsi que de rabbins qui leur fournissent, de mon point de vue, une justification pseudo-religieuse». Un mois après, sur le site de l'Union juive française pour la paix (UJFP), le militant pacifiste franco-israélien Michel Warschawski relevait qu’«Israël 2014 n’est plus seulement un Etat colonial qui occupe et réprime les Palestiniens, mais aussi un Etat fasciste, avec un ennemi intérieur contre lequel il y a de la haine ».
Depuis, les choses sont allées en s’aggravant car ces dérives, qui inquiètent des intellectuels israéliens et une bonne partie de la société civile israélienne, ne sont pas des actes isolés, 11 000 attaques contre des Palestiniens ayant été recensées entre 2004 et 2014. C’est, ajoutait Warschawski, «le résultat d’une fascisation du discours politique et des actes qu’il engendre».
Un discours rarement évoqué, sinon minimisé, en France et en Europe sous prétexte de ne pas alimenter l’antisémitisme, alors que par ailleurs le moindre propos jugé antisémite tenu par un leader palestinien est vite médiatisé. Elles sont également encouragées par le fait que 85% des plaintes palestiniennes contre les actes de violence raciste sont classées sans suite par la justice israélienne (dixit l’ONG israélienne de défense des droits de l’Homme, Yesh Din, citée par la RTBF (Radiotélévision belge). Ces violences sont le fait de groupes organisés identifiés – «les jeunes des collines», «le prix à payer», «la Ligue de défense juive» de Meir Kahane qui avait projeté de faire exploser l’esplanade des mosquées de Jérusalem, et de supporters du club de football du Beitar de Jérusalem, affirmant la «suprématie juive» !
Plus grave, ces propos racistes sont tenus au plus haut niveau du pouvoir israélien. A commencer par le vice-ministre de la Défense, le rabbin Eli Ben-Dahan, pour qui «les Palestiniens sont des animaux. Ils ne sont pas humains, ils ne sont pas autorisés à vivre» (Le Haaretz du 10 mai 2015). Ou par la ministre de la Justice, Ayelet Shaked, qui écrivait le 30 juin 2014 sur sa page Facebook : «Derrière chaque terroriste, il y a des dizaines d’hommes et de femmes sans lesquels aucun acte terroriste ne peut se faire (…) Elles devraient disparaître, tout comme les foyers dans lesquels elles ont élevé les serpents. Sans quoi d'autres petits serpents y seront élevés à leur tour», avant d’ajouter à l’intention des soldats israéliens : «leur sang (celui des civils palestiniens) ne doit pas être sur votre conscience» ( Mediapart du 15 mai 2015).
Propos en droite ligne de ceux tenus par le passé : «Les Palestiniens devraient être écrasés comme des sauterelles... leurs têtes fracassées contre des rochers et des murs», déclarait en 1988 l’ex-Premier ministre israélien Yitzhak Shamir (New York Times 1er avril 1988). Vingt ans auparavant, en 1948, le chef de la diplomatie israélienne Moshe Sharett, s’exprimant sur ces centaines de milliers de Palestiniens chassés de leurs villages, affirmait que «la majorité» d’entre eux «deviendra un rebut du genre humain et se fondra dans les couches les plus pauvres du monde arabe» (l’Humanité du 14 mai 2008).
Un «rebut du genre humain» ? Quoi d’étonnant dès lors que des enfants palestiniens soient tués chaque jour qui passe ou que le soldat franco-israélien, Elor Azaria, qui comparait en prévenu libre depuis lundi devant un tribunal de Jaffa pour avoir achevé le 24 mars dernier d’une balle dans la tête un jeune Palestinien soit salué comme un héros par une bonne partie de la société israélienne.
H. Z. IN LSA
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