Le langage de l’opacité
L’exercice du dialogue social via les tripartites manque de transparence. Pour preuve, l’essentiel des travaux de la 19e tripartite du 5 juin s’est déroulé à huis clos. Le ministre des Finances, selon des indiscrétions, a donné le la : sa présentation de l’état financier du pays conclut sur une aggravation d’une situation économique tendue. Un argument qui justifie la conception d’un nouveau modèle économique de croissance qui devait être présenté en tripartite. La discussion du premier point à l’ordre du jour du conclave a donné lieu à l’exposé d’une synthèse d’un programme triennal de croissance et non sur un modèle économique, puisque ce concept renvoie à un texte beaucoup plus structuré ou s’insère nécessairement un choix idéologique, observe un économiste. Ce plan inclut un cadrage budgétaire 2016-2019 et des projections jusqu’à 2020. Mais sur ces deux points, le gouvernement a entretenu l’opacité : pas d’objectifs chiffrés présentés, pas de détails sur ces deux instruments de la nouvelle politique économique. Sans doute pour masquer à la population que le gouvernement va appliquer d’ici à 2019 une cure d’austérité plus sévère avec une réduction progressive des subventions.
En fait, on est beaucoup plus en présence d’une mouture de plan de croissance qui sera sans doute affinée avec l’inclusion des propositions de l’UGTA et du patronat. Ces nouvelles orientations de la politique économique dans ses lignes générales sont désormais soutenues par les partenaires du gouvernement : l’UGTA et les organisations patronales.
Quant à l’évaluation objective des résultats de l’action gouvernementale en matière d’emploi et d’investissements, second point à l’ordre du jour de la tripartite, elle n’a pas été présentée. Ce qui remet en cause l’importance et l’efficacité de ce mécanisme de dialogue social. En fait, dans les deux domaines, la situation ne s’est pas améliorée. Le chômage a augmenté, conséquence de la chute des prix du pétrole. Le climat des affaires reste défavorable à l’acte d’investissement.
Cette forme de dialogue social manque d’un véritable mécanisme de suivi des décisions de la tripartite. Elle entretient le doute quant à la capacité du gouvernement à mettre en œuvre les solutions adéquates arrêtées dans le conclave. Tel est le cas du foncier industriel où le problème reste entier, en dépit des beaux discours officiels sur le règlement de cette difficulté en 2015, voire au premier semestre 2016. Cela laisse penser, quitte à le répéter, que les changements ne peuvent intervenir qu’avec un gouvernement de terrain, plus audacieux, plus ambitieux et dont certains de ses membres sont moins englués dans des conflits d’intérêts ou attirés par les sirènes de l’affairisme. À moins…
Le gouvernement semble se départir de son discours
optimiste. Par la voix d’ Abderrahmane Benkhalfa, grand argentier du pays, qui
a conclu dans sa présentation de la synthèse du document de 100 pages élaboré
par la chefferie du gouvernement portant modèle économique de croissance que la
situation financière de l’Algérie est actuellement tendue, l’Exécutif reconnaît
que la situation est grave, confie un participant à la tripartite. L’un des
indices de cette conjoncture très difficile est la crise budgétaire. Le budget
n’est en équilibre qu’avec 92 dollars le baril, alors que les prix sur le
marché s’établissent à 50 dollars le baril. Ce qui donne une idée de l’énorme
déficit budgétaire et des difficultés de l’État à couvrir les dépenses
publiques.
En fait, Abdelmalek Sellal n’a pas voulu imposer ce texte à ses partenaires : l’Ugta et le patronat. Il veut tenir compte des propositions de la Centrale syndicale, du FCE et des autres organisations patronales. “Contrairement à ce que disent certains spécialistes de l’économie nationale, le document portant modèle économique de croissance comporte des objectifs chiffrés. Il porte sur deux périodes : 2016-2019 et 2020-2030”, affirme Abderrahmane Mebtoul, professeur d’économie, invité en tant qu’expert à la tripartite. Pour faire face à cette crise budgétaire, le document prévoit la réduction des subventions.
Il opte pour des subventions ciblées, c’est-à-dire un mécanisme qui protège les plus démunis contre l’abandon des subventions des produits de large consommation. Mais cette décision ne peut être appliquée rapidement, observe le professeur. L’Algérie n’a pas un système d’information qui permet d’identifier avec exactitude ces personnes démunies et encore moins un mécanisme de calcul des revenus des citoyens par couche socioprofessionnelle, permettant de déterminer les riches et les pauvres. “Pour mettre en place ce système d’information, il faut deux à trois ans”, a-t-il argué.
En fait, Abdelmalek Sellal n’a pas voulu imposer ce texte à ses partenaires : l’Ugta et le patronat. Il veut tenir compte des propositions de la Centrale syndicale, du FCE et des autres organisations patronales. “Contrairement à ce que disent certains spécialistes de l’économie nationale, le document portant modèle économique de croissance comporte des objectifs chiffrés. Il porte sur deux périodes : 2016-2019 et 2020-2030”, affirme Abderrahmane Mebtoul, professeur d’économie, invité en tant qu’expert à la tripartite. Pour faire face à cette crise budgétaire, le document prévoit la réduction des subventions.
Il opte pour des subventions ciblées, c’est-à-dire un mécanisme qui protège les plus démunis contre l’abandon des subventions des produits de large consommation. Mais cette décision ne peut être appliquée rapidement, observe le professeur. L’Algérie n’a pas un système d’information qui permet d’identifier avec exactitude ces personnes démunies et encore moins un mécanisme de calcul des revenus des citoyens par couche socioprofessionnelle, permettant de déterminer les riches et les pauvres. “Pour mettre en place ce système d’information, il faut deux à trois ans”, a-t-il argué.
K. Remouche
Nouveau modèle économique de croissance
Son contenu reste très vague
Le gouvernement avance à tâtons. Il n’affiche pas sa ferme détermination à s’affranchir du modèle rentier.L’exécutif vise dans son nouveau modèle économique de croissance adopté par la tripartite du 5 juin dernier à aboutir à terme à des niveaux soutenables en matière d’équilibres du Trésor et des finances publiques, de consolider la justice sociale sans surcoût économique, de réformer la fiscalité et de mettre le budget au service de la croissance et du développement humain durable. Il veut également mettre en avant une politique de diversification économique, de transformation structurelle et de rénovation du modèle de financement de l’économique, basée sur une vision économique et sociétale. Il s’engage à asseoir une transition devant mettre en adéquation politiques publique et sectorielle, rénovation et gouvernance économique, et permettre l’émergence d’acteurs de marché, qui soient en mesure de mettre en place une économie où la forte dépendance aux hydrocarbures et la dépense publique seront réduites graduellement. L’Exécutif est resté ainsi vague sur le contenu du nouveau modèle économique. Il ne s’est pas montré disert sur des objectifs chiffrés, évoquant incidemment deux éléments : une augmentation des recettes d'exportations hors hydrocarbures à 9% à fin 2016 contre environ de 5% à fin 2015. Et, un fléchissement de la trajectoire budgétaire sur trois années, avec un relèvement substantielle de la fiscalité ordinaire. Le gouvernement trace ainsi une trajectoire budgétaire circonscrite, manière de répartir l’effort dans le temps. Il reprend en fait une des propositions formulée par le collège des experts du Cnes, qui s’est réuni fin 2015 à Alger. Le collège des experts a en effet invité l’exécutif à révolutionner de fond en comble la politique budgétaire, avec à la clé un financement de la totalité du budget de fonctionnement par la fiscalité ordinaire. Un objectif réalisable, dans une conjoncture où les ressources s’amenuisent dangereusement ? Souad Bouchakour est spécialiste des questions économiques et financières. Elle estime dans une déclaration qu’elle nous a faite que c’est aussi dans les moments de crises que l’on peut conduite de réelles réformes. Elle ajoute que relancer l’économie constitue un des défis majeurs en ces temps de crise pour l’État et qu’il est plus que temps de le faire en mettant en place une vraie stratégie économique, avec tous les moyens nécessaires pour sa mise en œuvre, en commençant par améliorer le climat des affaires dans le but d’encourager l’investissement productif à travers par exemple la mise à plat des problèmes liés à la bureaucratie, la mise en place d’une réglementation incitative et durable. Car, souligne-t-elle, le changement répétitif des lois crée un climat d’incertitude, voire de méfiance surtout chez les investisseurs étrangers. Souad Bouchakour rappelle par ailleurs que le niveau des réserves de change a certes baissé mais que le matelas de devise ne s’est pas complètement épuisé. Il nous faut, dit-elle, réfléchir en termes d’investissement et de relance économique et non pas en termes de mois de consommation. Et s’il y a réelle volonté de changer les choses, il n’y a pas de raison que la réforme du système économique n’aboutisse pas. Le collectif Nabni semble lui peu optimiste sur le sujet. Il fait connaître sa pensée dans un document fouillé dont il nous a fait parvenir une copie. Il y écrit : L’échec manifeste des tentatives antérieures de réforme et de diversification économique nous commande de faire autrement, et d’adopter un changement de cap audacieux dans la gouvernance économique. Evidemment, sans réformer profondément la gouvernance publique, les mêmes maux, sources des échecs passés, se reproduiront. Nabni explique que pour rendre possible la mise en œuvre des réformes tant attendues, il nous faut penser autrement leur mise en œuvre. Et d’ajouter : “Sans organiser la mise en œuvre des réformes, sans renforcer la capacité de l’Etat pour s’y atteler, sans volonté de faire autrement, la nouvelle ambition affichée aujourd’hui par les autorités, nous le craignons, échouera.” Le collectif Nabni estime que l’on ne peut plus se permettre de maintenir le même niveau de dépenses publiques requérant un baril à 100 dollars. Cela, ajoute-t-il, n’est pas soutenable. Cependant, une coupe brutale dans les dépenses publiques aurait des effets dévastateurs sur notre économie. Par conséquent, formule-t-il, il est nécessaire de “lisser” les réductions en combinant réduction des dépenses et le recours mesuré à l’endettement.
Y. S.
Pacte économique et social
Quid de l’évaluation ?
L’évaluation objective des résultats de l’action gouvernementale en matière d’emploi et en matière d’investissements n’a pas été présentée au cours de la rencontre.Sur les trois importants dossiers que devait examiner la 19e tripartite (gouvernement-UGTA-patronat), qui s'est tenue le 5 juin, figurait l’évaluation du pacte économique et social dans les volets investissements et emploi. Face au black-out qui a caractérisé cette tripartite, il n’était pas aisé aux millions de citoyens de s’informer sur le déroulé de cette tripartite. Avec un communiqué final qui s’est limité aux généralités et notions globales de l’économie de marché, il aurait fallu aller chercher des échos de l’intérieur de la rencontre. Les échos que nous avons eus de l’intérieur sont unanimes à dire qu’il n’y a pas eu d’évaluation du pacte économique et social de croissance. Ce pacte, signé en février 2014 entre le gouvernement et ses partenaires socioéconomiques pour une période de cinq ans, vise notamment à accélérer les réformes économiques, promouvoir la concertation et le dialogue social, le développement industriel, l’amélioration du climat des affaires et le développement humain. Il avait même établi des engagements de chacune des parties pour réaliser solidairement ces objectifs : le syndicat des travailleurs s’accorde à préserver un climat social stable, les organisations patronales s’engagent à favoriser la préservation et la création d’emplois et de l’investissement productif, et les pouvoirs publics, de leur côté, à assainir le climat des affaires pour favoriser l’expansion des entreprises. Le pacte social, transformé en pacte de croissance sous l’effet des nouveaux défis économiques auxquels fait face le pays, est présenté comme le socle sur lequel le gouvernement compte s’appuyer pour mettre en œuvre son nouveau modèle économique. Il faut dire que la conclusion d’un pacte social ou de croissance s’impose en temps de crise pour relancer l’économie. Selon le professeur Abderrahmane Mebtoul, le pacte est un élément pour faire aboutir le nouveau modèle économique, ajoutant que l’Algérie n’a pas le choix. Soit il y a une mobilisation générale autour des défis à prendre, soit l’Algérie sera obligée d’aller vers le FMI. Si lors de la 18e tripartite, tenue en octobre 2015 à Biskra, les participants avaient acté leur satisfaction quant aux “avancées significatives” dans la mise en œuvre de ce pacte, le communiqué final de cette 19e tripartite n’en fait pas référence et se contente de banales généralités sur l’économie de marché. Mais pour pouvoir se faire une idée sur les résultats de ce pacte, il suffit d’écouter les représentants des organisations patronales qui continuent, comme à chaque fois, d’insister sur le fait que seul l'investissement est à même de répondre aux préoccupations, en matière d'emploi, de croissance, d'équilibre financier et de stabilité sociale. Leurs discours n’ont guère évolué quant aux aspects liés au financement de l'investissement, à la question de l'offre de foncier industriel et à la réforme de l'administration. Concernant la création de l’emploi, force est de constater que le taux a augmenté, passant de 10 à 11%, selon les chiffres de l’Exécutif. En somme, à défaut d’une évaluation concrète et sereine du pacte économique et social de croissance, la tripartite s'est clôturée par la signature d'un autre pacte. Celui de stabilité et de développement de l'entreprise privée. Ce pacte, visant à partager les responsabilités entre l'employeur et l'employé pour un meilleur rendement des entreprises, a été signé par l'Union générale des travailleurs algériens (UGTA) et l'ensemble des organisations patronales. Gageons juste que pour ce dernier, un suivi et une évaluation seront de mise.
S. S.
M.Cherif belmihoub, Professeur en gestion à propos du nouveau modèle économique
“Manque de clarté, de précision et sans transparence”
Dans cet entretien, le spécialiste de l’économie nationale tente d’analyser les résultats de la 19e tripartite.Liberté : Quelle est la pertinence du nouveau modèle économique présenté en tripartite dans un contexte de baisse des revenus financiers du pays ?
Cherif Belmihoub : L’événement majeur de ce début du mois de juin a été l’organisation de la tripartite (gouvernement-syndicat-patronat). Les résultats de la rencontre étaient très attendus par l’ensemble des Algériens, car il s’agit de l’avenir de l’économie nationale et de sa sortie de crise dans laquelle elle s’est embourbée depuis plus d’une année. Au moment de la préparation de la tripartite, un seul sujet retenait l’attention : l’annonce par le gouvernement du nouveau modèle économique. L’objectif était donc très fort et même alléchant et provocateur ; alléchant parce qu’on pensait que finalement l’ancien modèle bâti sur les hydrocarbures est dans une impasse et ne peut continuer à fonctionner ; bien au contraire, il devient même dangereux pour l’économie nationale (fuite en avant, déficits chroniques, inefficience systémique…) ; provocateur parce que les qualificatifs utilisés sont aussi très forts : modèle, et donc on attendait une élaboration des paramètres et des variables sophistiquées et une implémentation tout aussi raffinée.
Au final, nous avons eu droit (les informations diffusées) à quelques idées devant servir de base pour la transformation de l’économie. Trois idées sont mentionnées dans le communiqué final : une adéquation des politiques publiques et sectorielles ; une rénovation de la gouvernance économique et l’émergence des facteurs de marché.
Ces idées sont tellement vagues qu’on pourrait produire n’importe quel modèle ou plus modestement politique économique. Rien n’est dit sur la situation actuelle des finances publiques et des comptes nationaux et le volume des déficits ; rien n’est dit sur la structure de l’économie productive et sa compétitivité.
Sans dresser l’état des lieux, on ne peut pas construire de nouvelles orientations économiques. Le manque de précision dans les nouvelles “orientations” n’est pas de nature à mobiliser les acteurs et la société dans son ensemble autour des nouveaux choix.
Quel sens alors donner à cette nouvelle politique économique ?
On peut donner du contenu à ces idées en faisant des lectures positives et contextuelles ; ainsi on peut interpréter adéquation des politiques publiques et sectorielles par une politique de rigueur dans la dépense publique par son orientation et son efficience ; donc il s’agit principalement de la question des subventions dans le futur cadrage budgétaire ; comme on peut interpréter rénovation de la gouvernance par une nouvelle orientation sur la gestion du secteur public marchand et bancaire, voire même sa privatisation, il s’agit aussi du climat des affaires.
L’émergence des facteurs de marché peut signifier une nouvelle orientation de la régulation économique, dont le marché sera le référentiel pour toutes les sphères de l’économie : marché des biens et services, marché financier et marché monétaire. Vues sous cet angle, les annonces de la tripartite peuvent avoir un sens si des décisions économiques et des politiques publiques seront mises en œuvre pour amorcer la nouvelle politique économique. Mais pourquoi on n’aime pas appeler les choses par leur nom ? La bonne gouvernance c’est, entre autres, la clarté et la transparence des choix et des décisions publiques.
Après la décision de la tripartite de mettre fin à la retraite anticipée, pensez-vous qu’il faudrait aller plus loin dans le réaménagement de l’actuel régime de retraite ?
Le système de protection sociale est globalement équilibré aujourd’hui, mais le segment “retraite” est déficitaire depuis déjà plusieurs années, et c’est grâce à une contribution de 2% calculée sur les recettes des hydrocarbures que la caisse maintient une trésorerie suffisante pour verser les pensions. Aujourd’hui, il devient impératif de revoir les grands principes sur lesquels est bâti le système de protection sociale, car sa pérennité, qui est indispensable, dépend de ses équilibres d’aujourd’hui et de demain. L’âge de la retraite dépend de plusieurs paramètres pour justement garantir sa survie : la structure de la démographie, la population active, la population retraitée, la croissance économique, l’espérance de vie, etc.
Ces dernières années, ces données ont beaucoup changé : le rapport retraités/population active a chuté au dessous de 1/5 (ce dernier est un rapport universellement admis pour assurer un équilibre), l’espérance de vie a significativement augmenté (autour de 76-78 ans) et la contribution de l’État a baissé par l’effet du choc pétrolier ; tous ces indicateurs militent pour une révision de l’âge de départ à la retraite.
Mais au-delà de l’allongement de l’âge de départ à la retraite, c’est le nombre d’années de cotisation qui doit être revu. Ici aussi, il faut que les régimes spéciaux de la retraite soient intégrés dans la réforme pour garantir un minimum d’équité et une solidarité intra-système national de protection sociale. La question de l’informel revient avec force dans le dossier du régime de retraite et du système de soins aussi ; car aujourd’hui, les non-cotisants bénéficient des mêmes prestations que les cotisants, alors que souvent les premiers ont des revenus beaucoup supérieurs aux seconds. Les questions de justice sociale, d’équité, de solidarité doivent être les leviers pour la refondation du contrat social dans lequel se situe le système de protection sociale.
K.
R.
Résultats de la 19e tripartite
Équation complexe
Les grandes lignes du nouveau modèle de croissance économique vise l'émergence d'une base productive et industrielle moderne et compétitive, tout en préservant la justice sociale, selon le Premier ministre.Par ailleurs, selon l’APS, M. Sellal a expliqué que ce nouveau modèle déployait une approche “claire et consensuelle” jusqu'en 2019 avec des perspectives à l'horizon 2030, tout en relevant que “les richesses naturelles ne pourront plus, à l'avenir, garantir la pérennité du modèle politique et social actuel de l'Algérie. Il nous faut donc aller chercher la croissance ailleurs, c'est-à-dire dans la sphère économique réelle, là où l'entreprise, publique ou privée, est la clé de voûte”.
À l’évidence, ce modèle, n’a pas dévoilé toutes les retombées sociales qu’il impliquerait inévitablement. Car même si depuis longtemps un consensus autour de la réduction de notre dépendance des hydrocarbures s’était dessiné en préconisant une diversification de notre économie, il n’en demeure pas moins que dans le court terme, et compte tenu de la situation financière du pays, c’est bien la rigueur budgétaire qui est recherchée. Toute la complexité de l’équation est de concilier l’orthodoxie financière et la politique sociale que les pouvoirs publics souhaitent continuer. Outre la fin de la retraite anticipée entérinée par la 19e tripartite, que deviendra-t-il des transferts sociaux, des subventions, etc. Le front social demeurera-t-il stable ? Sellal fait montre de beaucoup d’optimisme. “Les ingrédients d'une émergence économique existent, et qu'il était temps de mettre en symbiose ces facteurs favorables et de mobiliser l'ensemble des acteurs dans le cadre d'une gouvernance et d'un plan qui allient vision stratégique, pragmatisme et responsabilité sociale et politique.” Dans ce contexte, il a appelé à “consolider et conforter” le Pacte national économique et social pour la croissance, outil dont s'est dotée la tripartite en 2014 et qui “commence à donner des résultats”. Il reconnaît toutefois que la situation était “dure” et que les contraintes étaient “réelles” avec des “lendemains incertains”. Cet aveu est dur, mais il a le mérite d’être épuré des discours triomphalistes auxquels nos gouvernants nous ont habitués. Alors quels enseignements tirer de cette énième tripartite ? Pas grand-chose en dehors de quelques vagues indications sur le nouveau modèle de croissance économique, de la suppression de la retraite anticipée et de l’injonction faite aux walis de libérer le foncier industriel et de lutter contre les “bureaucrates et les véreux”. Dans la situation actuelle, l’esprit de solidarité nationale doit prévaloir et personne n’en disconvient. Malheureusement, nous sommes toujours dans une situation de statu quo. Le climat des affaires demeure caractérisé par des pesanteurs bureaucratiques, les lobbys de l’import-import et de l’informel continuent de dicter leur loi. Aucun bilan crédible sur l’opération de captation de l’argent du secteur informel n’est porté à la connaissance de l’opinion publique...
A.
H.
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