APS - ALGÉRIE

mercredi 4 juillet 2018

À l’heure algérienne

Sincèrement, je me régale avec ce Mondial. Je recharge mes accus footballistiques pour les quatre ans à venir. Je n’aurai pas à m’encombrer d’une saison, à l’heure algérienne, indigente. Oui, la jeunesse, là-bas en Russie, avec l’audace de sa vigueur, bouleverse l’ordre mondial du ballon rond. Messi, out. Ronaldo, aussi. A eux deux, ils ont dans l’escarcelle dix Ballons d’Or. Dix ? Je dis bien dix. Je ne me trompe pas, j’espère. Chez nous, la jeunesse est mise au rebut ; elle compte pour du beurre ; cette jeunesse qui doit gérer ce pays n’a pas le droit à la prospective ; elle reste sur la touche. En attendant, la vieillesse tire encore les ficelles d’un pays, qui n’en peut plus de traîner la patte. La gérontocratie est à l’œuvre. Qui n’a plus les
moyens de ses rêves. Qui vit de la gestuelle ancienne. En attendant, la jeunesse rame, autant qu’elle peut, pour déguerpir d’ici ; sa voix est inaudible ; sa voie est bouchée. Même «les issues de secours sont fermées», selon la belle expression d’un poète qui, lui aussi, a brisé le verrou et s’en est allé là-bas. Quoi, la Belgique ? Elle a gagné contre le Japon ? Et alors ? Qu’est-ce que cela à voir avec mon propos ? Il y a eu un bon coaching. J’ai vu. Ce n’est pas le cas chez nous. Je sais ça, aussi.
Tu parles d’un coaching, quand la presse se fait l’écho d’un Tliba qui n’est pas réélu aux instances de l’APN. Tu parles d’une information ! Comme si cela allait aérer mon cerveau, déjà enfumé par trop de contingences. Puis, qu’est-ce que cela va ajouter au schmilblick algérien ? Walou, ya kho. Je ne me sens pas concerné, du tout. Ni de près, ni de loin. Un peu de bon sens, les journalistes ! Comme si Tliba allait démocratiser l’APN ! Ou qu’il allait occuper le fauteuil d’El-Mouradia ! Ou qu’il allait driver l’équipe nationale ! Les jeux sont faits à l’APN ; c’est de notoriété publique ! Ce n’est pas parce que nos députés ont bloqué l’augmentation de la TVA pour les bagnoles made in bladi qu’il faut leur décerner un diplôme de député !
C’est un peu l’histoire du ministre du Tourisme et de l’Artisanat qui prédit «10 millions de touristes en 2030». Comment il fourbit ses statistiques, notre wazir ! A croire qu’il a entre les mains un listing de touristes (étrangers, je suppose) pour les dix années à venir. Comment ils font ces ministres pour faire leurs comptes ? Je reste sur ma faim. Dix millions de touristes ? Pourquoi pas vingt ? Quarante ? C’est au prorata du nombre de lits ? Il fallait le dire avant. Donc, le nombre de lits détermine le nombre de touristes ! Désolé, je n’arrive pas à comprendre. Désolé, encore une fois, je ne crois que ce que je vois. Or, je ne vois pas l’ombre d’un touriste. Ni aujourd’hui. Ni demain. Nos plages rappellent le Gange. Nos parkings sont des embuscades. L’incivisme fait le reste ! A moins d’aller à Oued Rhiou pour un séjour linguistique ; c’est de l’anglais, made in bladi ! Quant à l’artisanat, c’est une autre histoire. Nos potières ont paumé la symbolique des signes berbères. Là-haut, au ministère, on devrait le savoir. Le plastique fait son sale boulot. Puis, la Chine – meskina – inonde notre marché. Et la Chine construit notre Mosquée d’Alger. Oui, celle-là même ! Oui, il s’agit bien de la mosquée du bord de mer. Juste en face d’un centre commercial. Pas loin de la Foire. De grâce, ne me parlez pas d’artisanat, ni de tourisme ; nous en sommes dépourvus. Point à la ligne !
On nous dit que le parking de l’aéroport d’Alger est plus cher. Ce n’est pas nouveau, que je sache ! Ce n’est pas ça qui gêne ; c’est plutôt l’inconfort de cet aéroport, et la cherté de ses boutiques. Un thé ordinaire, qui ne sent pas le thé du tout, servi dans un gobelet (du plastique) coûte 250 dinars ; je ne parle même pas des sandwichs, ni des CD. Puis, je sais que dans ma ville, les parkingueurs ont imposé une augmentation. Ça fait déjà un moment. Nul ne s’en émeut. La place est désormais à 100 dinars. Quant aux taxis d’Alger, ils n’ont qu’à augmenter leur tarif. C’est comme ça que ça se passe en Algérie ! Puis, on n’a pas idée de perdre son ticket de stationnement et de s’offrir le luxe de s’acquitter d’une taxe de… 1 200 dinars. Au fait, comment le patron du parking de l’aéroport calcule ses taxes ? Y a-t-il un texte réglementaire pour ce faire ? Nos députés doivent se pencher sur cet aspect de la gestion de notre aéroport international. A vos calculettes, messieurs !
Ah, à Bouira (au fait, y a-t-il des touristes à Bouira ?), une campagne de nettoyage a été lancée à quelques jours de la fête de l’Indépendance. C’est sérieux comme annonce ; c’est un journal qui le dit. Il n’y a rien de louable dans pareille initiative. La propreté d’une ville est un travail au quotidien ; sinon, cela relève de l’opportunisme, à l’approche d’une fête nationale. Puis, une fois le 5 Juillet passé, que sera la ville de Bouira ? Les ordures seront-elles enlevées ? Et les avaloirs curés ? Et les arbres taillés ? Ma h’na, ma h’na ! Ne nous donnez plus ce genre d’info, s’il vous plaît ! Ça me fout une migraine du tonnerre, qu’aucun antalgique n’arrive à juguler. Puis, il n’y a pas que Bouira qui est sale. Partout, c’est la même chanson. L’Algérien ne sait pas s’occuper de la gestion du bien commun ; la mentalité du beylik est encore présente. Pesante. Oppressante. Dès lors, à Guelma, Tizi, Alger, ou ailleurs en Algérie, c’est du kif-kif au pareil !
Oh la terrible nouvelle, l’affreuse nouvelle ! La CNR est au bord de la faillite ! La Caisse n’a plus de sous pour payer ses retraités. A yemma ! Vite, activez une autre planche ! Une autre, vite ! C’est urgent ! C’est vital ! Si à l’oisiveté de nos retraités, il faut leur rajouter «t’choumir», ça va être la cata ! Ya dini, win biha ? Ce n’est pas du thé qu’il faut fumer, c’est de la «blanche» qu’il me faut, ya Hakim ! Les fonctionnaires sont passés à un cheveu de la faillite ; la planche a réglé le problème, grâce à la sagacité de nos gouvernants. Et voilà que la tuile est suspendue sur la tête des retraités, qui ne demandent qu’à profiter (?) de leur retraite ! Personnellement, je suis convaincu de la justesse de la planche à billets ; c’est pour ça que ce financement est non conventionnel ; c’est pour ça qu’il est décidé : nous sauver de la catastrophe ! Il faut vite rassurer nos retraités, les assurer qu’ils toucheront leur maigre retraite, chaque 20 du mois. Des dinars planchés ! Et alors, tant que ça paie la baguette, on s’en bat la calebasse ! Encore une fois, vive nous !
Y. M. in LSA LE 04/07/2018

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