APS - ALGÉRIE

lundi 6 juin 2016

HISTOIRE D'ALGERIE: LA PERIODE ROMAINE



L'histoire et la géographie de l'Algérie sont intimement liées. Ainsi, bien que la civilisation humaine au Maghreb remonte à des millénaires, ce n'est qu'à partir de l'Antiquité que cet espace commence à prendre sa forme actuelle en se scindant en trois régions-peuples :

Maghreb oriental, Maghreb central et Maghreb occidental. La région-peuple du Maghreb central évoluera au fil des siècles en l'État nation algérien moderne. Cet article traite donc de l'histoire de l'Algérie, et non pas seulement de l'histoire de la République algérienne moderne.

 De l'an 100 à l'an 235
Avec une nouvelle configuration sociale solidement ancrée, et un nouveau dispositif
commercial ouvrant a la Numidie les marchés de l'Empire romain, la troisième étape du
stratagème de colonisation romaine vint toute seule. Ce fut celle du développement
économique et de l'industrialisation durant 135 années. En effet, face à la demande
toujours croissante en produits agricoles de tout genres de la part des villes romaines en
Numidie, les propriétaires terriens gétules et romains disposaient d'une main-d’œuvre
expropriée et réduite à la servitude militairement, ainsi que de propriétés terriennes de grande taille et fertiles.
Bien qu'une grande partie de la population numide choisie de se diriger vers les villes, plusieurs dizaines de milliers d'autres Numides choisirent de rester sur les fermes qui avaient appartenu à leurs parents, comme serviteurs des nouveaux propriétaires Gétules et Romains. Ainsi, sur des terres d'une fertilité remarquable, les nouveaux propriétaires terriens pouvaient se permettre de
proposer des prix extrêmement compétitifs sur le marché de l'Empire romain grâce à cette fertilité mais aussi a une main d’œuvre réduite à la servitude et pas chère. Une fois les nouvelles villes Romaines construites, les vétérans Romains et les nouveaux citadins Numides qui s'y établirent se chargèrent à leur tour de consommer les produits de l'intérieur du pays, et d'importer des produits manufacturés tels que des outils agricoles pour les campagnes algériennes. Mais le décollage économique proviendra surtout de l'exportation de l'excès de production agricole, qui été proposé à bas prix, vers l'étranger.
C'est ainsi qu'au bout d'un siècle d'occupation romaine, la plupart des villes romaines furent érigées et qu'au bout de deux siècles, l'Algérie de l'époque finit par obtenir le titre de « grenier de Rome » tant ses exportations de blé devinrent impressionnantes en quantité (jusqu'à dix millions de quintaux de blé par an) et en prix. La production se diversifia progressivement et se mit à inclure le cuir, les olives, les figues, et un début d'industrie se mis en place vers la deuxième moitie du deuxième siècle avec une production d'huile olive, de vin, etc, toujours croissante. En l'an 175, la Numidie, après deux siècles d'occupation romaine qui avait fait couler beaucoup de sang, était néanmoins devenue une province prospère, relativement urbanisée, et où la population berbère s'était en grande partie intégrée. Les Gétules furent intégrés très tôt dans l'Empire, et une grande partie des Numides devinrent citadins et s'intégrèrent également tout aussi bien. Cela se fit bien sur au détriment des cultures berbères des Gétules et des Numides, car le pays connu une romanisation profonde de la population.
Mais en contre partie cela permis aux Berbères de s'unifier, aux différences Numides-Gétules de s'estomper et aux Berbères romanisés d'accéder aux plus hautes fonctions de l'État romain. C'est
ainsi que par exemple l'un d'entre eux, provenant d'une riche famille berbère citadine de Ceasarea (Cherchell), de la classe sociale des Équestres (Chevaliers) accéda aux plus hautes fonctions de l'Empire.
En effet, Amokrane, un Berbère romanisée devint Empereur romain en l'an 217 sous le nom de Marcus Opellius Macrinus.
Le temps des troubles (de l'an 235 à l'an 395)
Les troubles politiques qui éclatèrent au plus haut niveau politique de l'Empire romain vers
l'an 235 mirent un frein à la croissance économique de Rome, ce qui frappa l'économie de la Numidie de plein fouet. Les villes s'arrêtèrent alors de croître et les campagnes n'arrivaient plus à écouler leur production, et bientôt le pays se retrouva dans un déclin tout comme Rome elle-même. En l'an 238 les propriétaires Gétules se plaignirent de l'imposition fiscale élevée dans cet atmosphère de régression économique, mais leur plainte ne reçut pas de réponses favorables. Alors que rien ne fut
fait pour remédier aux troubles politiques et à la crise économique qui s'installe dans le temps, plusieurs petites rébellions se déclenchent entre 253 et 288 tant en Numidie qu'en Maurétanie voisine. Pendant cette période, une nouvelle religion arrive de Rome. Le christianisme fait son entrée en l'an 256, et durant le siècle suivant, dans une atmosphère de déclin grandissant, les populations des villes côtières Algériennes, ainsi qu'une minorité de la population dans les campagnes se convertissent à la nouvelle religion. En 313, avec les crises politiques et économiques romaines qui s'éternisent, la nouvelle religion devient une arme qui servira d'alibi religieux à une nouvelle révolte qui sera encore une fois maghrébine. Mais cette fois la révolte est religieuse et politique. En effet, le culte donatiste
se développa en Algérie et en Tunisie comme une défiance politique à Rome. Les donatiste refusant d'accepter l'autorité religieuse de l'Empereur, et exigeant la séparation de l'État et de la religion, finiront par déclarer l'empereur comme étant le diable en personne, à l'opposé de Jésus qu'ils considèrent être Dieu et ils rejettent le rite catholique à partir de là.
L'empereur envoie alors ses troupes pour les réduire au silence, dans ce qui est la première persécution de chrétiens contre des chrétiens. La répression ne fit qu'accroître le soutien populaire des donatistes chez le peuple et en 321 les légions romaines venues réprimer les donatistes se retirèrent. Toutefois vers l'an 340, l'idéologie donatiste donne naissance a une secte populaire, celles des circumcellions, littéralement ceux qui encerclent les fermes.
Comme le culte donatiste célébrait les vertus du martyr, les Circumcellions devinrent des extrémistes qui ne considéraient que le martyr comme étant la véritable vertu chrétienne et laissèrent de côté toutes les autres valeurs de leur religion telles que l'humilité, la charité, etc. Les circumcellions se mirent alors à se munir de matraques de bois, refusant de porter des armes en fer, car Jésus avait dit à Pierre de poser son épée selon la tradition chrétienne. Ainsi, munis de leur matraques, ils se mirent à attaquer les voyageurs sur les routes du pays, puis à se diriger sur les fermes des propriétaires terriens, à les encercler et les attaquer. Le but des circumcellions était de mourir au combat en martyr, et ils espéraient que leurs attaques violentes munis de matraques de bois seulement pousseraient leurs ennemis à riposter avec des armes plus sophistiquées et à les envoyer ainsi au paradis. Ces extrémistes tuèrent, violèrent, volèrent, plusieurs propriétaires terriens et leurs familles, ainsi que les voyageurs, et lorsqu'ils n'arrivaient pas à se faire tuer, ils finissaient par se suicider en essayant de sauter du haut d'une falaise, ce qui les précipitait à leur mort. La secte des circumcellions violemment réprimée disparue vers le IVe siècle. Ce dérapage du culte donatiste eut pour conséquence de noircir encore plus leur réputation à Rome.

A SUIVRE ... (De l'an 395 a l'an 430)

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