APS - ALGÉRIE

mercredi 20 mars 2019

Que vise Bouteflika en provoquant la rue ?

 Son entêtement et sa détermination à provoquer un changement de régime par le haut et à «renouveler ses systèmes politiques, économique et social à la faveur de  la conférence nationale inclusive», sans pour autant donner un échéancier précis devient une forme de provocation de la rue.

Cette dernière exige rien de moins qu'un changement par le bas dans les meilleurs délais et sans les éléments de l’ancien système mais avec des personnalités politiques neutres, n’ayant pas fréquenté le régime et n’ont pas non plus l’intention d’activer ou de prendre part la mise en œuvre des instruments qui concrétiseraient ce changement.
Après un vendredi fort de protestation, c’est une réponse qui pourrait enflammer la rue et enclencher cette fois-ci le cycle du dialogue de sourds avec toutes les conséquences qui en découlent.  

Le président de la République a précisé que cette conférence « aura la mission de délibérer, en toute liberté, de l'avenir socio-économique du pays, un avenir chargé de défis dans ce domaine, d'où l'impératif d'un consensus national sur les objectifs et les solutions à même d'atteindre une croissance économique forte et concurrentielle, une croissance qui garantirait la continuité de notre modèle social basé sur la justice et la solidarité. Cette voie contribuera, inéluctablement, à faire sortir l'Algérie de sa dépendance aux hydrocarbures et aux fluctuations des cours du pétrole sur les marchés internationaux », a-t-il souligné estimant que « la consolidation de notre pays au double plan économique et social, lui permettra de mieux préserver son unité territoriale et sa sécurité dans un environnement direct en pleine effervescence, et dans un monde menacé par les risques de crises multiformes ».
C’est donc toute un programme qu’il n’a pu entamer durant son quatrième mandat mais compte le faire durant ce prolongement qui pourrait durer le temps qu’il faudra.
Si un délai d'un an a été parfois évoqué pour une transmission du pouvoir, il apparaît intenable à de nombreux observateurs vu l'ampleur de la tâche: désignation des participants et organisation des travaux de la Conférence, élaboration d'une nouvelle Constitution, organisation d'un référendum, convocation et tenue d'une présidentielle etc.
En plus il persiste et signe que tout cela se fera en sa présence et sous sa conduite.
Dans son message,. Bouteflika a profité par ailleurs pour  appeler le peuple à être « à la hauteur de ses aspirations socio-économiques et culturelles » et à « prêter main forte à son armée pour préserver l'Algérie contre les dangers extérieurs ». Plus tôt, le général Ahmed Gaïd Salah, chef d'état-major de l'armée algérienne avait appelé à la « responsabilité » de chacun pour trouver des « solutions dans les plus brefs délais » à la crise actuelle en Algérie. C’est une implication directe de l’armée qui semble consentante de cette démarche sans peut-être prendre en compte les méfaits qui mettront la paix sociale en péril.
En tout cas, tout cela ne contribuera pas à une bonne issue de la situation. Qui en est le perdant ?
                                                              
Auteur
Rabah Reghis in lematindalgerie.com

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