L'impôt sur la fortune
passe il la trappe. L'assemblée populaire nationale, « souveraine », a décidé
que cette taxe, destinée pourtant à garantir une plus juste répartition des
richesses, n'était pas utile. Nos élus nous expliquent même que l'lSF serait
néfaste car il ferait fuir les investisseurs, et les généreux hommes d'affaires
qui s'acquitteraient, sans sourciller de leur devoir civique et citoyen. Ils
craignent surtout de provoquer une fuite massive des capitaux vers l'informel
et l'étranger. Ils vont même jusqu'à compatir avec les importateurs qui ont le
malheur d'être soumis aux désidératas de la Banque centrale. Un comble pour une
assemblée dont l'opinion publique attendait surtout un élargissement du champ
d'application de textes de loi devant permettre à l'administration de traquer
les sources d'enrichissement illicite et informel, les niches de fraude et
d'évasion fiscales, ainsi que les circuits de blanchiment d’argent, de fuite des
capitaux et de corruption.
Les nouveaux riches, ceux qui profitent d'une fortune aussi
surprenante que subite, peuvent dormir à poings fermés. Ils obtiennent la
bénédiction des législateurs et n'ont que faire du contrôle du fisc ou de la
Banque centrale. Les cigales prennent leur revanche sur les fourmis. Et ce
n’est pas. Aujourd’hui que l'apport des taxes sur le patrimoine accumulé par
les plus fortunés supplantera la contribution de l'IRG sur salaires dans les
recouvrements au titre de la fiscalité individuelle. Censé avoir une assiette,
l'impôt mangera encore Une fois dans celle des salariés qui participent déjà
pour le quart du produit des contributions directes.
Mais les parlementaires privent surtout le gouvernement de
l’un de ses arguments phares. Celui-ci n'a pas cessé de répéter, des semaines
durant que les dispositions de la loi de finances 2018 consacrent le principe
d'équité fiscale entre tous les citoyens. Ils désarment ainsi un Exécutif qui
faisaient miroiter l'espoir d'une justice sociale, lui qui peine à mettre en
place les réformes nécessaires à une refonte profonde de l'économie nationale
seule réponse à la crise financière actuelle. Ils sapent le peu de crédibilité
d'une démarche assise sur quelques mesurettes dont le seul objectif est de
gonfler les revenus de l'État. Ils portent aussi un coup à la légitimité d'un
pouvoir politique, coincé dans une gestion paternaliste des affaires du pays et
qui peine à dire une vérité aux citoyens : la seule sortie de crise réside dans
le travail et dans l'abandon d'un système qui a porté les rentes et
l'assistanat aux nues. La citoyenneté fiscale est la base même de la véritable
citoyenneté. C'est celle qui fait le lit du principe de redevabilité publique
et de justice sociale. Elle se trouve à la base de toute démocratie.
« La justice sociale se fonde sur l'espoir, sur l'exaltation
d'un pays, et non sur les pantoufles », Ces parole du général français Charles
de Gaulle sont, en ce sens, à méditer.
MELISSA ROUMADI
BELFERAG (capAlgérie)
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