Par Hakim Laâlam Email : hlaalam@gmail.com |
Sur mes cahiers d’écolier, sur mon pupitre et les arbres, sur
le sable, sur la neige, j’écris ton nom…
… Eradication !
J’avoue qu’un temps, en réaction immédiate,
épidermique à l’assassinat atroce d’un prêtre français dans sa paroisse
de Saint-Etienne-Du-Rouvray, j’ai été tenté d’exhumer Tibhirine.
Rappeler rageusement les ignominieuses accusations lancées par une
«grande partie» de la France démocratique contre l’armée algérienne. Une
grande partie penchant lourdement à gauche. J’ai aussi tenté d’aligner
les jeux de mots cruels, l’humour perfide. Comme de savoir si l’enquête
sur ce meurtre sordide d’un prêtre français en pleine messe allait être
confiée au juge Trévidic. Mais non ! La rage s’est arrêtée au seuil
infranchissable de la raison humaine. Et les rancœurs justifiées des
Algériens face au traitement injuste, tronqué et dangereux de l’affaire
des Moines de Tibhirine ne doivent cependant pas mener à l’aveuglement
et à l’assouvissement d’un sentiment de juste retour sur l’histoire. Il
n’y a jamais de juste retour sur l’histoire à travers le sang des
innocents. Et j’ai mal aujourd’hui de ce qui arrive à la France. Comme
j’ai mal de ce qui arrive à l’Allemagne. Comme j’ai mal de ce qui arrive
à Kaboul, à Baghdad, à Ghaza et ailleurs dans ce monde qui paie
maintenant la note salée des manipulations de laboratoires. J’ai mal.
Mais j’ai aussi espoir. Oh ! Un maigre espoir, mais un espoir tout de
même que l’Occident nettoie enfin le mot «éradication» de toutes les
saletés qu’on a voulu lui coller. Espoir que l’Occident en finisse avec
l’aveuglement commercial et capitalistique qui lui fait lourdement
fermer les yeux sur les agissements des monarchies du Golfe. Espoir que
soient bannis les professeurs Maboulette droits-de-l’hommistes qui ont,
depuis des décennies maintenant, voulu nous fourguer les beaux yeux du
commandant Massoud, le magnétisme fou du «Lion du Pandjchir», les
exploits des Stinger «afghans» face à l’armée russe et l’alternance
démocratique agrippée comme une forcenée aux régimes islamistes
«acceptables». Aujourd’hui, la question du terrorisme est devenue par la
force sanglante des choses une affaire occidentalo-occidentale ! Nous
pouvons aider. Parce que ce chemin-là de… croix, nous l’avons traversé.
Et en pleine traversée, nous avons tout de même pris le temps douloureux
de crier que nous pouvions aider, pourvu que soient écoutés nos appels
et entendues nos approches. Y a-t-il enfin quelqu’un aujourd’hui pour
nous écouter au seuil des églises meurtries ? Je fume du thé et je reste
éveillé, le cauchemar continue.
H. L.
H. L.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Qu’en pensez vous?