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lundi 2 mai 2016

Histoire de l'Algérie : III-Antiquité (- 1250 à l'an 250)



L'histoire et la géographie de l'Algérie sont intimement liées. Ainsi, bien que la civilisation humaine au Maghreb remonte à des millénaires, ce n'est qu'à partir de l'Antiquité que cet espace commence à prendre sa forme actuelle en se scindant en trois régions-peuples :
Maghreb oriental, Maghreb central et Maghreb occidental. La région-peuple du Maghreb central évoluera au fil des siècles en l'État nation algérien moderne. Cet article traite donc de l'histoire de l'Algérie, et non pas seulement de l'histoire de la République algérienne moderne.

Les comptoirs Phéniciens en Algérie (- 1250 à - 146)

Extension du territoire carthaginois avant la Première Guerre
punique vers 264 av. J.-C.



Les Phéniciens dans leurs efforts d'étendre leur réseau commercial dans tout le bassin méditerranéen
commencèrent à essayer d'établir des contacts avec les populations du Nord de l'Algérie dès 1250
avant JC. Après la fuite de la princesse Elyssa au Maghreb oriental (actuelle Tunisie) qui y fonde Carthage en 814, les Carthaginois essayent de pousser leurs navires jusqu'en Ibérie (actuelle Espagne).
Les côtes du Maghreb parsemées de hauts-fonds et de récifs étant difficiles à naviguer pour les navires primitifs des Carthaginois, ces derniers fondèrent avec l'accord des populations locales avec lesquelles ils entretenaient des liens commerciaux des comptoirs tous les 30 à 40 kilomètres le long de la côte algérienne, une distance équivalente à une journée de navigation par la mer. C'est ainsi que les comptoirs phéniciens de Annaba, Skikda, Collo, Jijel, Béjaïa, Dellys, Alger, Tipaza, Cherchell, Tenes, Bettioua et Ghazaouet sont établis. Ces comptoirs jouent un rôle aussi crucial dans le commerce en Méditerranée, que dans l'évolution des cultures locales par le biais des échanges d'idées et de communications. Ces comptoirs servent quelques siècles plus tard aux Numides qui vont les occuper puis aux Romains qui les colonisent et les utilisent pour la conquête de l'Algérie. Les Carthaginois réussissent si bien dans leur commerce qu'ils établissent des comptoirs même à l'intérieur des terres au Nord de l'Algérie au sein de localités existantes telles que les comptoirs de
Sarim Batim, que les Numides appellent Cirta (actuelle Constantine) ou Tiddis a 17 kilomètres de Cirta.
De cette pénétration des Carthaginois au milieu des populations africaines devait résulter une sorte de fusion qui aboutit à une large communauté ethnique et culturelle. La civilisation de Carthage avait pu s'imposer peu à peu mais à leur tour certaines coutumes indigènes marquèrent celles des Carthaginois. Par cette « africanisation », qui l'enrichit encore, la civilisation punique appartient authentiquement au patrimoine culturel nord-africain[1] .
Selon Jérôme Carcopino, « Il est hors de doute que ces colonies ont, à la longue, formé autant de foyers d'une civilisation mixte qui, de proche en proche, s'est propagée du littoral vers le continent et à fait prévaloir sur toute l'Afrique du Nord, et pour des millénaires, l'esprit de Carthage. »
Le Sahara Garamantes (- 500 à l'an 500)
Les Garamantes étaient un peuple qui a dominé le Sahara durant un millénaire pendant
l'Antiquité d'environ -500 avant JC à 500 après JC. La question de leur origine exacte reste
toujours posée et il existe deux hypothèses à l'heure actuelle. La première voudrait que les
Garamantes soient les cousins des Gétules et des descendants directs des Capsiens, mais
qui contrairement aux Gétules n'auraient pas émigré vers les côtes méditerranéennes et qui
seraient restés sur place dans le désert pour occuper l'endroit après la migration des
Gétules vers le nord. L'autre hypothèse voudrait que les Garamantes soient un peuple venu
d'une autre région que le Sahara (Afrique sub-saharienne ou Asie). L'utilisation toutefois
des caractères tifinagh par les Garamantes, ainsi que la similitude entre l'art garamante et
l'art capsien, et finalement la similitude entre les cavaleries Garamante et Gétules
indiquent probablement que les Garamantes seraient des descendants de Capsiens et
cousins des Gétules qui se seraient à leur tour sédentarisés au Sahara plutôt qu'au Nord.
Cela étant dit, le terme Garamante viendrait du nom de leur capitale Tagharma, qui
signifierait en berbère ancien (proche du capsien) « citadelle fortifiée ». Tagharma, ou
Garama en version gréco-latine serait la Djerma moderne. Les Garamantes seraient
originaires de la région du Fezzan (en Libye actuelle) et auraient fondé un royaume
s'étendant sur plusieurs dizaines de milliers de kilomètres carrés dans le Sahara couvrant
des parties de l'actuelle Algérie, Libye, Mali, Tchad et Niger. La géographie de leur
royaume, l'habileté de leurs guerriers et cavaliers, l'utilisation du Tifinagh, ainsi que la
domestication du dromadaire n'est pas sans rappeler l'actuelle confédération des Touaregs,
et il est probable que les Garamantes fussent leurs ancêtres directs, bien que cela n'est pas
confirmé.
Le royaume des Garamantes vivait du contrôle des routes sahariennes et avait établi des
routes commerciales entre l'Afrique sub-saharienne et la Méditerranée. Les Garamantes
ont combattu constamment du Ve siècle av. J.-C. au IVe siècle av. J.-C. les peuples noirs de
l'Afrique sub-saharienne pour affirmer leur contrôle de ces routes de commerce. Ils
développèrent également l'agriculture aux alentours de leurs oasis fortifiées et devinrent
ainsi un peuple très puissant et leur souveraineté s'étendait du Tchad au Fezzan, et du
Tassili à Gao au bord du fleuve Niger. L'historien grec Hérodote (IV.183) écrivit environ 50
ans après le début de leur règne ce qui suit à propos de ce peuple saharien :
« À dix jours de voyage d'Augila, il y a également une colline de sel et une source d'eau, les
palmiers y poussent abondamment comme ils le font près des autres collines de sel. Cette
région est habitée par un peuple appelé Garamantes, un peuple très puissant qui recouvre
le sel avec de la boue pour y semer ensuite ses cultures. C'est là que la route est la plus
courte vers le pays des Lotophages, un voyage de trente jours. Dans le pays des
Garamantes, on trouve des taureaux qui lorsqu'ils paissent marchent à reculons. Ils
agissent ainsi parce que leurs cornes s'avancent tant vers l'avant de leur tête que, s'ils
avançaient en paissant, leurs cornes se planteraient dans le sol. Ce n'est qu'en cela qu'ils
diffèrent des autres taureaux, ainsi que par l'épaisseur et la dureté de leur cuir. Les
Garamantes ont des chariots attelés a quatre chevaux, sur lesquels ils pourchassent les
Éthiopiens Troglodytes qui, de tous les peuples dont l'écho ait pu parvenir à vos oreilles, est
celui dont les pieds sont, de loin, les plus rapides. Les Troglodytes se nourrissent de
serpents, de lézards et d'autres reptiles du même genre. Leur langage, contrairement à
celui des autres peuples, ressemble à des couinements de chauve-souris »
Le peuple éthiopien Troglodyte auquel Hérodote fait allusion est installé aujourd'hui dans le
massif du Tibesti, et forme maintenant l'ethnie des Toubous. La cavalerie Garamante se
distinguait au Maghreb par le fait qu'elle utilisait massivement le char tiré par un quatuor
de chevaux. Les Garamantes menèrent quelques fois des attaques contre leurs voisins du
nord également, notamment les Gétules, les Carthaginois et les Numides. Toutefois leur
plus grande défaite leur est infligée par l'Empire romain, qui soutenu par les Gétules et
sous la direction de Balbus, consul d'Afrique de Rome envahit leur royaume et occupera
leur capitale Tagharma (Garama). Les Garamantes maintiennent une certaine autonomie
malgré l'occupation, grâce notamment à l'étendue du Sahara et à leur retour à des
traditions nomades. Les Garamantes se révoltent et soutiennent même la révolte de
Tacfarinas dans le nord du pays au début du premier siècle, mais Rome finit tout de même
par vaincre et son influence et sa tutelle devient considérable sur ce peuple Saharien au
point que lorsque l'Empire adopte la religion chrétienne les Garamantes font de même vers
l'an 400. Les Garamantes disparaissent progressivement des références historiques à partir
de cette date, pour plusieurs raisons. D'une part à la mort de l'empereur Théodose Ier de
Rome, l'Empire romain sombre dans une période de troubles internes et les Garamantes
retrouvent leur indépendance, et d'autre part leur royaume ayant été brisé, ces derniers ne
mènent aucune action concertée politique ou stratégique jusqu'à l'avènement de l'Islam
trois siècles plus tard, époque à laquelle ils ne s'appellent déjà plus les Garamantes.

A SUIVRE L'État de Numidie : (–250 à - 25)

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