Selon l’Union des commerçants et artisans algériens, quelque trois millions de baguettes de pain finissent à la poubelle chaque jour que Dieu fait, soit douze millions de miches. Faisons nos comptes du coût économique que cela entraîne ! L’Algérien débourse sans compter pour le pain qu’il mange davantage avec ses yeux plutôt qu’il met dans sa bouche ! «Wallah c’est honteux, scandaleux», maugrée un septuagénaire, qui se désole de voir au détour de chaque rue des ballots énormes de restes de pain et de baguettes entières jetés au milieu des monticules d’ordures ménagères ou sur un muret… à la portée de chats et rats, croyant ne pas faire, soi-disant dans le sacrilège. Le consommateur a fini par cultiver cette fâcheuse tendance à s’offrir le pain en quantités dépassant de loin ses besoins quotidiens.
La raison est-elle liée au motif que le prix de la miche soit soutenu par l’Etat providence, ce qui pousse le consommateur à garnir abondamment son couvert de cette denrée de base qui finit dans le bac à ordures ? Ou réside-t-elle plutôt dans les caprices des rejetons qui s’interdisent à ingérer du pain qui ne soit pas du jour, comme me le signifie mon voisin de palier ? Tout compte fait, la crétinerie semble résister au bon sens, celle-là même qui pousse le «jeteur» de pain à faire ce geste en signe d’absolution : porter le quignon de pain à son bec et puis à son front avant de le laisser choir sur le trottoir !
Quelle déférence ! Sauf que son geste est synonyme de gaspillage alimentaire, contrairement au bon usage économique de nos grands-mères qui étaient au taquet à préparer des mets pour petits et grands grâce au recyclage panophile pour en faire du pudding (œuf, lait et beurre), de la «sfiria» ou encore des quiches. Elles conservaient aussi le pain perdu ou rassis pour en faire tout simplement du pain grillé maison ou encore pour réaliser un plat ancien dit la «tekhtchoukha», en période de disette, notamment. Il existe une panoplie culinaire pour la ménagère et plusieurs façons intelligentes d’utiliser le pain sec pour ne pas atterrir dans les bennes à ordures, ce qui permet, il va sans dire, de faire de sacrées économies. Et pour la bourse moyenne de la ménagère et pour le Trésor public qui débloque quelque trois milliards de dollars /an rien que pour les céréales.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Qu’en pensez vous?