APS - ALGÉRIE

dimanche 1 mai 2016

Une fois que le bateau a coulé, tout le monde sait comment on aurait pu le sauver

Quand il n’est pas là, c’est qu’il est parti se soigner, et quand il est là, il est malade. C’est ainsi qu’un médecin particulièrement énervé a résumé l’état du Président, avec ce corollaire fâcheux, l’état du pays lui-même.
Car si en Allemagne ou en Angleterre par exemple, les systèmes sont faits de sorte que c’est le chancelier ou le Premier ministre qui dirige réellement le pays, l’ironie algérienne est que le Président a tout fait pour transformer son pays en système hyperprésidentiel, ses partisans finissant par dire que le pays peut se passer de Président. S’il est malade, le pays est-il malade ? Tous les pouvoirs étant concentrés entre ses mains, oui, d’autant qu’elles sont tremblantes et demandent un gros effort pour se saisir ne serait-ce que d’une tasse de café. Il n’y a d’ailleurs plus de discours à la nation pour expliquer la vision collective, ni de Conseil des ministres pour coordonner son application, et si certains affirment qu’ils ne servent à rien — ce qui explique que tous les gouvernements du monde en tiennent régulièrement —, on peut aller plus loin et affirmer que même les ministres ne servent pas puisqu'il y a des secrétaires généraux, des chefs de cabinet, des plantons et des chauffeurs. La deuxième ironie est liée à la santé nationale.
En 17 ans de règne, avec d’énormes rentrées d’argent, l’Algérie aurait pu mettre en place un système de santé digne de ce nom. Ce qui n’a pas été fait. Résultat : le Président est obligé de se soigner en Europe, mais surtout d’y effectuer des contrôles médicaux «de routine», pour reprendre la terminologie officielle. Résultat du résultat : si on ne peut toujours pas effectuer de simples contrôles de routine, c’est que c’est toute la santé est gravement malade. Enfin, il y a une troisième ironie. Si le Président s’était arrêté à deux mandats, peut-être qu’il ne serait jamais tombé malade. Et donc personne ne le serait.
Chawki Amari IN elwatan.com

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