par Djaaboub Ali
Hier les Occidentaux étaient venus civiliser les païens que
nous étions et nous apporter «bienfaits et conforts », serait-on tenté de dire.
A coups de canons ils ont envahi nos terres écrasant toute résistance grâce à
leur avance technologique et à leurs armes sophistiquées, avantage qui n'a pas
changé de nos jours. Pour arriver à leur fin, et malgré leur supériorité, ils
se sont souvent mis à plusieurs dans un acte de « solidarité chrétienne ». Ils
se sont installés et ont réduit ceux qu'ils étaient venus « émanciper » à
l'état d'esclaves. Ils les ont exploités durant une éternité et puisé les
ressources de leurs sols et de leurs sous-sols, parfois jusqu'à tarissement.
Ils n'ont épargné aucune région du monde. Ils ont colonisé
l'Afrique, l'Asie, les Caraibes, l'Amérique du Sud, l'Amérique du Nord, le
Proche et Moyen Orient et ont soumis les peuples de ces contrées par la force
et y ont commis les atrocités les plus abjectes, s'adonnant parfois, pour ne
pas dire fréquemment, à de véritables exterminations. Chassés par les peuples
occupés révoltés au prix de sacrifices immenses, ils n'ont pu digérer cette «
ingratitude », et leur ont reproché de ne pas leur avoir permis d'achever leur
« œuvre civilisationnelle ».
Bien qu'ils soient restés présents dans la quasi- totalité
des anciennes colonies, même celles libérées, et qu'ils ont continué et
continuent à puiser leurs ressources par firmes et multinationales interposées,
ces puissances estiment aujourd'hui que ce qu'elles gagnaient et gagnent encore
était et reste insuffisant. Aussi, dans leur volonté de se partager, de
nouveau, le monde, ils se liguent en un seul bloc contre les occupés d'hier, et
reviennent à l'assaut. Fomentant les foyers de tension dans les états visés,
ils y installent des groupes terroristes qu'ils ameutent de partout et qu'ils
payent à coup de millions de dollars, puisés dans les caisses de leurs riches
vassaux, et chargent ces mercenaires de créer l'instabilité nécessaire qui
justifierait leur intervention. Comme l'appétit du gain est universel et que
l'existence de la trahison n'est pas propre à un pays donné, ils trouvent
toujours à recruter.
C'est ainsi que les guerres qui ravagent les pays du
continent africain, ou du moins la majorité d'entre eux, celles qui détruisent
les pays du Moyen Orient et ailleurs en Asie, etc., sont des conflits créés et
entretenus par ces anciennes puissances coloniales ou par de puissants acteurs
non étatiques de ces pays et avec leur bénédiction. Le terrain étant propice
grâce à la mauvaise gouvernance de la majorité des dirigeants de ces pays, à la
corruption qui y règne et aux écarts sociaux entre les enfants d'un même pays
qui ont ras-le-bol de ces inégalités qui se creusent sans cesse, et des
horizons obscurs qui se dressent devant eux, ils n'ont pas beaucoup de peine à
arriver à leur fin.
Le droit de la force étant de leur côté, les instances
internationales leur étant assujetties, ils s'arrangent pour donner un aspect
plus ou moins légal à leur retour musclé. Et quand ils rencontrent quelques
réticences à leurs desseins au sein de ces organisations, ils passent outre en
défiant toute la communauté mondiale. C'est ainsi que l'Irak, qui ne s'est pas
encore relevé et risque la partition, fut envahi. Accusé de posséder l'arme
nucléaire, par un mensonge éhonté fabriqué de toutes pièces, ce domaine étant
réservé à leur seul usage et à l'usage de leur enfant chéri qu'est l'Etat
sioniste, il fut agressé et son président assassiné.
En Libye, ils se sont tous ligués contre un seul pays, comme
au temps des croisades, pour le terrasser au motif que son président était un
dictateur qui oppressait son peuple. Ils se sont joués de la résolution
relative à ce pays votée par l'Onu, en lui donnant l'interprétation qu'ils ont
voulu. Alors pour délivrer ce peuple martyr et le débarrasser de ce monstre,
ils ont attaqué ce pays avec leur armada, assassiné son président et créé une
situation de chaos qui n'en finit pas et qui menace, maintenant, l'ensemble des
Etats limitrophes. La participation d'Israël, leur « Masmar Djha » ou l'enfant
illégitime des pays arabes au Moyen Orient, qui n'est jamais loin quand il
s'agit de casser l'arabe et de créer les troubles, est plus qu'évidente.
Ils ont fait la même chose en Syrie où ils sont présents
sous prétexte de combattre le terrorisme qui menacerait leur sécurité, alors
que ce sont eux qui l'ont créé et qui l'utilisent pour l'atteinte de leurs
objectifs mercantiles. Avec l'aide de l'Etat hébreu ils ont tout fait pour
détruire ce pays en le bombardant, en y envoyant une véritable armée de
mercenaires rapatriés de partout et en s'y installant eux-mêmes par troupes et
conseillers militaires interposés qui combattent, entrainent et arment en permanence.
L'Egypte, le Yémen, la Somalie, l'Afghanistan, etc., n'ont pas échappé à leur
appétit vorace. Les pays musulmans doivent être faibles pour que l'entité
sioniste continue d'exister.
A chaque fois, Ils ont pris les précautions nécessaires pour
se dédouaner aux yeux du monde en faisant adopter des résolutions onusiennes
qui les dégageraient de toute responsabilité. Et en vérité, en ont-ils besoin ?
Les Etats-Unis d'Amérique, première puissance au monde qui
est sensée assurer la stabilité mondiale de par le rôle que lui confère son
rang, ont foulé au pied le droit international en agressant sans vergogne
l'Irak, se passant de l'autorisation de cette instance internationale qu'est
l'ONU et de l'avis de l'ensemble des pays, même celui de leurs alliés
traditionnels. Rien d'étonnant pour la seule puissance qui a utilisé la bombe
atomique contre un autre peuple et qui brandit, aujourd'hui, cette même menace
à l'encontre d'un autre pays, lui promettant les flammes de l'enfer s'il ne se
pliait pas à sa bonne volonté. Pour une puissance qui s'est créée sur les
ruines et l'anéantissement d'un autre peuple, qu'y a-t-il d'étonnant ? Nous
devons trouver cela normal.
Le Maghreb et plus particulièrement l'Algérie qui s'est
relevé difficilement de la décennie noire durant laquelle elle a été isolée et
qui lui a coûté des dizaines de milliers de victimes, des pertes économiques se
chiffrant par milliards de dollars et un retard au développement qu'elle a
peiné à rattraper, leur ayant pour le moment échappé, ils y travaillent pour
l'entrainer dans le bourbier que vivent les autres pays. Nous assistons aux prémices
de probables interventions, aussi bien pour ce qui est du Maghreb que de
l'Algérie qui savent qu'ils ne sont pas à l'abri. Les bruits de bottes au
Sahel, les bases qui se créent au Niger, celles se trouvant au Tchad et dans
divers endroits en Afrique ne trompent pas sur les intentions belliqueuses de
ces ennemis toujours à l'affût. Drapés de la cape de l'amitié et de la
bienfaisance et se présentant en amis sincères, (mais en réalité
malintentionnés), ils affûtent leurs armes et changent de stratagème pour
arriver à leur fin.
Leurs attitudes arrogantes envers leurs pairs anciennement
sous leur domination, leurs conseils non dénués d'arrière-pensées aux étudiants
et à la jeunesse africaine en général à qui ils demandent d'évacuer la question
mémorielle parce qu'ils ne l'ont pas vécue, ne trompent pas. En parallèle, ils
incitent à réanimer et à activer, dans le secret, le communautarisme et le
régionalisme chez les minorités des pays pendant qu'ils les combattent chez
eux. Cette stratégie semble être leur nouvelle arme pour atomiser peuples et
pays et créer le désordre qui leur permettrait d'intervenir plus facilement.
Chez nous, de la Kabylie à Ghardaia, de Ghardaia à
Tamanrasset et de Tamanrasset à Ouargla, ils ne désarment pas et malgré leurs
échecs répétés, ils reviennent chaque fois à la charge avec hargne. Des groupes
d'étrangers travaillant pour le compte d'Israël sont arrêtés à Ghardaïa.
Réalité aveuglante qui confirme nos soupçons et prouve bien de connivences. Ce
grand pays, le plus vaste d'Afrique, après le morcellement du Soudan frère,
doit succomber à tout prix. Il symbolise la richesse des sols et des sous-sols
qu'il faut accaparer, il représente, également, ce qu'ils haïssent le plus, la
résistance, l'intransigeance quand il s'agit de la politique en faveur de
l'autodétermination des peuples encore sous le joug et plus encore, la fierté
de ce peuple. La haine qu'ils nourrissent envers ce pays les pousse à un
acharnement jamais égalé.
En Afrique, dit Cheikh omar, cinéaste malien, lors d'une interview
accordée au quotidien national « l'Expression », les guerres que nous
connaissons en Afrique ont leurs origines autres que les motifs souvent évoqués
par les belligérants. Dans le cas de la guerre centrafricaine, précise-t-il, il
est curieux de constater que ce pays bat le record d'assistance internationale
en période de conflit. Pas moins de 14 missions répertoriées depuis 1976, de
nombreuses interventions françaises et toujours pas de solution durable à la
crise. Et d'ajouter que sur le terrain, le reportage d'une télévision française
a dévoilé la collusion entre les militaires français et les miliciens
anti-Balaka, sans que cela n'émeuve Paris.
Allant plus loin dans ses révélations, il déclare : « lors
de nos enquêtes, un de mes guides, ancien membre des services de renseignement
centrafricains, m'a appelé à deux reprises, de nuit, dans le but de me conduire
à des lieux où la force française était supposée distribuer des armes et des
vivres tantôt aux anti-Balaka tantôt aux Seleka. Mais mes partenaires sur place
m'ayant averti que c'était dangereux pour ma vie et celle de mon équipe de
tournage, j'ai renoncé à l'idée de les espionner. Aujourd'hui, chassés du
pouvoir central à Bangui, les chefs de guerre sont allés occuper les zones
minières du Nord-Est et du Centre, d'où ils mènent tranquillement des affaires
avec des groupes internationaux ».
La politique coloniale du « diviser pour régner », tellement
chère à leurs stratèges, refait surface à nouveau.
A-t-elle jamais disparue ?
La stratégie qui consiste à occuper les contrées riches est
usitée dans l'ensemble des pays concernés par l'instabilité et/ou la guerre.
Que ce soit en Libye, en Irak, en Syrie ou en Afrique, les groupes armés
ciblent en priorité les zones pétrolifères ou celles ayant un potentiel
économique avéré.
Les néocolonialistes travaillent à affaiblir les Etats pour
mieux les exploiter. Dans cette logique, les pays occidentaux ne cessent de
presser l'Algérie à faire participer son armée dans les conflits auxquels ils
ont eux-mêmes contribué à fomenter. Le but recherché est bien évidemment l'affaiblissement
de cette institution qui a déjà fort à faire tout au long de nos frontières
pour garantir la sécurité du pays cerné par les foyers de tension à l'Ouest, au
Sud-ouest, au Sud, au Sud-est et à l'Est.
Le président français qui a visité notre pays le 06 de ce
mois n'est pas sans ignorer cette réalité. lui dont le pays obstrue toutes les
tentatives tendant à solutionner l'affaire du Sahara occidental qui perdure
depuis 42 ans, et qui a la plus grande responsabilité dans la destruction de la
Libye pour ne citer que ces deux cas, pour oser « inviter » l'Algérie à faire
partie du groupe des cinq pays sous le commandement du sien, stationnés au Mali
ou à verser des contributions pécuniaires à cette présence que nous ne voulons
pas.
Le principal moteur des opérations de déstabilisation, dit
le Malien Cheikh omar, sont certainement les matières premières, mais aussi la
stratégie de leadership par le chaos. Pour les puissances internationales, plus
les Etats sont fragiles, plus les gouvernants sont fébriles et soumis. C'est là
une des raisons qui font que ces puissances ferment les yeux sur les fraudes
électorales et autres dépassements des gouvernants pour favoriser les
mécontentements et les rancœurs qui peuvent être exploités au moment voulu.
Dans le documentaire qu'il a présenté, il y a un observateur qui parle de la
stratégie du pompier-pyromane, vieux de l'époque romaine et appliquée de nos
jours, dit-il.
C'est une nouvelle forme de colonisation qui fait reposer
toute la responsabilité sur le néo-colonisé, précise-t-il encore.
C'est pourquoi nos dirigeants d'abord, nos différents partis
et notre peuple, plus précisément sa jeunesse, ensuite, ont pour responsabilité
de ne pas donner cette occasion à nos ennemis qui guettent en permanence.
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