APS - ALGÉRIE

jeudi 2 juin 2016

LUTTE CONTRE LE TABAGISME Après la prévention, place à la sanction

Le Pr Salim Nafti déplore la non-application des nombreuses lois portant sur l’interdiction du tabac dans les lieux publics et lieux de travail. Selon lui, il est temps de passer à la sanction des contrevenants.

Rym Nasri - Alger (Le Soir)
- Vingt à trente mille Algériens meurent des conséquences du tabac annuellement. Des chiffres alarmants avancés par le pneumo-phtisiologue, le professeur Salim Nafti, qui affirme que les consommateurs de tabac qui ne décèdent pas des conséquences du tabagisme sont, toutefois, malades. «De par sa nicotine, le tabac est une véritable drogue. Il est 25 fois plus addictif que la cocaïne. C’est la drogue la plus toxique et la plus dangereuse alors qu’elle est tolérée et sa vente est autorisée», a-t-il déploré hier, au forum du quotidien El Moudjahid, à Alger, à l’occasion de la Journée mondiale «Sans tabac».
Pour lui, le tabagisme en Algérie nécessite une lutte permanente d’autant que «toutes les lois existantes demeurent non-appliquées». Il cite à titre d’exemple l’interdiction de fumer dans les lieux publics qui existe depuis plus de 25 années et qui fait défaut sur le terrain. «Il y a également la loi de 2005 qui a fixé à toutes les entreprises un délai de six mois pour se conformer à la loi mais depuis, aucune disposition n’a été prise», dit-il avant d’incomber la non-application de tous ces textes de lois à l’«absence de volonté». «Il faut appliquer la loi pour que l’entreprise soit sans tabac, l’école sans tabac, les bus sans tabac, les restaurants sans tabac, et que les contrevenants soient sanctionnés», dit-il encore.
Plaidant pour la diminution de la consommation du tabac, notamment chez les jeunes, le Pr Nafti précise que le tabagisme coûte très cher à la santé publique. «Sur un dinar encaissé par le Trésor public par la vente de cigarettes, l’Etat dépense trois dinars pour compenser les dégâts. L’Etat n’a aucun bénéfice à encourager la consommation du tabac», indique-t-il. Il estime qu’il est temps de passer à la dissuasion et rendre la cigarette inaccessible.
«Le tabac coûte très peu en Algérie et son prix est maintenu depuis des années alors que dans les pays européens, il est dix à vingt fois plus cher et son prix ne cesse d’augmenter», fait-il remarquer. Rappelant que le tabac est un produit imposable, le spécialiste s’interroge : «Comment permettre la vente des cigarettes sur les trottoirs et comment tolérer la vente à l’unité, pourtant interdite par la loi ?». Il assure d’ailleurs que 50% des cigarettes vendues en Algérie sont contrefaites. Selon lui, le tabac contrefait est trois à quatre fois plus toxique. «Où est l’Etat ? Où est le ministère du Commerce ? Où sont les services de sécurité ? Où sont les Douanes ?», s’interroge-t-il encore avant d’interpeler le ministre des Finances pour revoir à la hausse le coût du tabac.
Il insiste également sur la réduction des espaces autorisés pour fumer. «Ailleurs, ils sont arrivés à interdire la cigarette sur les plages et chez nous, il y a une tolérance inouïe pour le tabagisme. Il faudra copier ces pays pour protéger aussi bien les enfants, les jeunes et tout le monde», dit-il. Le pneumo-phtisiologue persiste : cigarette, tabac à chiquer ou chicha, c’est très nocif et entraîne des effets néfastes pour la santé. «Il a été prouvé que tous les enfants de parents fumeurs font des rhinopharyngites, des bronchites, de l’asthme, des morts subites des nourrissons…. Une étude japonaise a montré que 13% des femmes dont le mari fume font un cancer des poumons ».
Pour le professeur Nafti, le mois de Ramadhan est une «opportunité» pour arrêter de fumer. «Trente jours est une période acceptable pour arrêter de fumer», dit-il.
Ry. N.IN LSA

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