Devant ce spectacle d’une classe dirigeante déliquescente, l’opinion
est unanime à montrer les signes d’une colère rentrée, adossée à un
sentiment d’impuissance. Si peu souhaitent réellement un soulèvement
populaire qui serait dévastateur, d’autres avancent l’impossibilité de
l’opération devant le redoutable arsenal policier et judiciaire mis en
place par la Matrice.
De fait, on préfère observer — ou pas — les gesticulations de ceux qui
brandissent l’étendard du patriotisme pour étouffer tous les scandales
et qui ont fini par donner de l’Algérie l’image d’un pays mort, gangrené
par la corruption, qui gouverne par l’insulte. Deux exemples parmi
d’autres : Louh, ministre de la Justice enfermé dans une vis sans fin,
qui vient d’ordonner à tout le monde de laisser la justice faire son
travail, oubliant que justement, si elle faisait son travail, tout le
monde la laisserait faire son travail ; et Ouyahia, cynique animateur de
comités de quartier qui, comme prévu, vient de défendre Bouchouareb en
expliquant qu’il était riche et avait monté sa société offshore avant
d’être ministre, alors qu’il a créé Royal Arrival Corp en 2015, un an
après sa nomination en 2014.
Le mensonge d’Etat fonctionne ainsi : on peut dire n’importe quoi, la
force brute servira comme ultime argument. Résultat : cette mauvaise
machine de propagande ne fait qu’alimenter un profond ressentiment
populaire. En sont-ils conscients ? Probablement, mais là aussi, il y a
leur propre impuissance à changer le système qu’ils savent stérile dans
lequel ils vivent, obligés de défendre le pire des escrocs parce qu’il a
été nommé par le palais et fait partie de la cour. L’impuissance est
donc partagée. Résultat du résultat : quand deux impuissances se
rencontrent sur un lit de mollesse, c’est celui qui aura le plus petit
des petits frémissements qui sera le fécondateur. L’autre accouchera
sans douleur d’un petit quelque chose.
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