APS - ALGÉRIE

mardi 24 décembre 2019

L’émergence de l’économie algérienne comme objectif 2030



 
D
epuis les années cinquante, les théoriciens de l’économie du développement essayaient de définir un modèle qui favorisera un décollage économique et assurera une croissance continue à moyen et long termes. Ils ont voulu circonscrire les facteurs aptes à déclencher le processus de développement, identifier et expliquer les causes qui ont fait échouer beaucoup d’approches et tentatives de développement. Ces recherches et expériences n’ont pas pu définir un modèle type de développement valable pour toutes les économies, une « recette » applicable à tous.
En général, trois types de modèles ont été appliqués. L’approche retenue par certains pays d’Amérique latine, qui visent à développer une économie permettant la réduction des importations, « modèle de l’industrialisation par la substitution des importations ». Ce modèle a montré ses limites et il n’a pas conduit au développement. 

Le deuxième modèle, appliqué par les pays de l’ancien bloc communiste, donnant la priorité à l’industrialisation, notamment l’industrie lourde pour atteindre plus rapidement un stade de développement acceptable. Ce modèle basé sur un centralisme excessif, une implication totale et exclusive de l’Etat et une bureaucratie généralisée, est devenu coûteux, non rentable et très peu efficace. L’Algérie avait opté pour un modèle qualifié « d’industrie industrialisante» qui a absorbé des fonds colossaux, sans réussir à propulser l’économie algérienne sur une trajectoire menant au développement. 

lundi 18 novembre 2019

Urgence fiscale : les pays en développement doivent prendre la parole !

Par   José Antonio Ocampo
Peut-on en finir avec les scandales d’évasion fiscale des multinationales ? L’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) assure que oui. Elle vient même de publier, le mois dernier, des propositions pour un nouveau système fiscal international qui pourrait s’imposer au monde entier pendant des décennies.
Des décennies, vraiment ? Oui, ce n’est pas une exagération. Il a fallu près d’un siècle pour que, pour la première fois cette année, apparaisse l’opportunité d’un changement. Car si aux Etats-Unis, par exemple, 60 des 500 plus importantes entreprises, parmi lesquelles Amazon, Netflix ou General Motors, n’ont payé aucun impôt en 2018, malgré un bénéfice cumulé de 79 milliards de dollars, c’est parce que le système en vigueur leur permet de le faire, et de surcroît, en toute légalité.
Ces détournements reposent sur des montages complexes, mais au principe très simple. Il suffit à la multinationale de déclarer ses profits dans la filiale de son choix. De cette façon, elle affiche des déficits là où les impôts sont relativement élevés – même si c’est dans ces pays que l’entreprise génère l’essentiel de ses activités – pour déclarer des bénéfices élevés dans des juridictions où l’imposition est très faible, voire nulle – même si en réalité, l’entreprise n’y dispose d’aucun client.
C’est ainsi que chaque année, les pays en développement sont privés d’au moins 100 milliards de dollars, déviés par des entreprises dans des paradis fiscaux. A l’échelle mondiale, ces derniers concentrent 40% des profits réalisés par les multinationales, selon les calculs de l’économiste Gabriel Zucman.

Changer sans créer la différence

Par Abdelhak Lamiri


Lorsqu’on dialogue avec de hauts responsables et de nombreux économistes, la préoccupation majeure qui ressort de leurs analyses consiste à trouver le maximum de ressources pour financer le retour à la croissance et le développement des entreprises.
En effet, qui n’est pas sensible à la question de trouver les moyens pour mobiliser le maximum de fonds pour les injecter dans l’économie et créer un boom qui va redynamiser la croissance, créer de l’emploi et de la richesse pour le pays ? On lorgne alors vers les   ressources du marché parallèle estimées, sans étude technique approfondie, à environ 50 milliards de dollars. La problématique demeure comment intégrer ces ressources dans les circuits formels. Le marché informel a sa propre logique et ses propres règles qu’il s’agirait de décoder pour absorber ces énormes ressources qui sont fructifiées en dehors de tout contrôle et de toute fiscalité.

lundi 23 septembre 2019

La langue de Molière ou la langue de Shakespeare : «Is that ‘‘la question’’ ?»


«Agdud mebla idles, dhargaz mebla iless» (Un peuple sans culture est comme un homme sans langue) – proverbe amazigh
«The more languages you know, the more you are human» – Tomas Garrigue Masaryk, philosophe tchécoslovaque
«Connaître une autre langue, c’est posséder une seconde âme» – Charlemagne
Introduction
«Marari’ent i wouchen, itz queliv ivehouchen» (Lorsque le loup ne sait pas quoi faire, il cherche les petites bêtes). Ce proverbe amazigh résume très bien la récente proposition du ministre de l’Enseignement supérieur algérien, Tayeb Bouzid, de remplacer la langue française par la langue anglaise dans nos écoles et nos universités. Ce faisant, il réhabilite/réédite la même proposition faite dans les années 70’ par les responsables de l’éducation de l’époque.
Tayeb Bouzid croit-il en la supériorité de la langue anglaise par rapport à la langue française ? Si oui, comment la justifie-t-elle ? Peut-être a-t-il soutenu une thèse sur ce sujet dans une université anglo-saxonne dont le peuple algérien n’est pas au courant et dont ce dernier aimerait connaître l’argumentaire. Ou bien a-t-il décidé (ou a-t-il été chargé) de déplacer le débat actuel sur la (re)construction d’une Algérie libre et démocratique vers un débat sur l’utilité et l’importance relative des langues étrangères ?
Dans le premier cas, il pourrait être taxé d’ignorer la réalité et la science en la matière et de vouloir tout simplement faire preuve d’improvisation gratuite. Dans le second cas, il pourrait être accusé de vouloir aller au secours d’un système politique désavoué et en décrépitude en essayant de détourner le hirak actuel vers une autre direction que celle qu’il s’est tracée : bâtir un nouveau système politique basé sur la prédominance du droit. En faisant cela, il veut créer un débat sur une question secondaire (tout au moins pour l’heure) – la question linguistique – alors que la grosse image – que sera l’Algérie de demain ? – est complètement occultée.
En d’autres termes, il veut nous (dé)montrer que l’arbre (le débat sur les langues) est plus important que le la forêt (où va l’Algérie, politiquement, économiquement et culturellement ?)
Dans le présent article, nous montrerons que le débat sur les langues est tout à fait inopportun pour le moment et que le vrai débat doit porter sur comment sortir le pays du marasme économique, culturel et surtout politique dans lequel il se trouve depuis l’indépendance. Nous devons dire, dès le début, que nous ne défendons ni le français, ni l’anglais – car nous maîtrisons les deux de façon égale – mais que nous croyons plutôt en la devise de Thomas Garrigue Masaryk, citée ci-dessus, selon laquelle «plus vous connaissez de langues étrangères, plus vous êtes humain».

Solution à la crise politique : L’incontournable voix du hirak


Ce qui se joue en Algérie depuis le 22 février ne peut être réductible à une manœuvre politicienne, encore moins à une obscure opération de conspiration.Il s’agit d’un bouleversement historique majeur, qui dépasse de loin la question de la perte ou de la prise de pouvoir politique. Reprenant leur destin en main, les Algériens poussent ardemment l’Algérie vers l’ère de la modernité politique.

mercredi 24 juillet 2019

Pour enchaîner les peuples, on commence par les endormir (*)

« Ils peuvent toujours essayer, mais on ne peut enchaîner un peuple qui a décidé d’être libre » Franck Ntsamara. 

Un historien géographe avait décrit l’Algérie comme un « gros ventre et une petite tête ». Le gros ventre est l’immense poche saharienne. La petite tête est la bande côtière (1200 km) qui donne sur la méditerranée. Avec son ciel bleu immense et ses espaces désertiques infinis, l’Algérie était méconnue jusqu’à ce que surgissent de ce sable stérile le pétrole et le gaz.