APS - ALGÉRIE

jeudi 21 décembre 2017

La revanche des cigales sur les fourmis





L'impôt sur la fortune passe il la trappe. L'assemblée populaire nationale, « souveraine », a décidé que cette taxe, destinée pourtant à garantir une plus juste répartition des richesses, n'était pas utile. Nos élus nous expliquent même que l'lSF serait néfaste car il ferait fuir les investisseurs, et les généreux hommes d'affaires qui s'acquitteraient, sans sourciller de leur devoir civique et citoyen. Ils craignent surtout de provoquer une fuite massive des capitaux vers l'informel et l'étranger. Ils vont même jusqu'à compatir avec les importateurs qui ont le malheur d'être soumis aux désidératas de la Banque centrale. Un comble pour une assemblée dont l'opinion publique attendait surtout un élargissement du champ d'application de textes de loi devant permettre à l'administration de traquer les sources d'enrichissement illicite et informel, les niches de fraude et d'évasion fiscales, ainsi que les circuits de blanchiment d’argent, de fuite des capitaux et de corruption.

Les nouveaux riches, ceux qui profitent d'une fortune aussi surprenante que subite, peuvent dormir à poings fermés. Ils obtiennent la bénédiction des législateurs et n'ont que faire du contrôle du fisc ou de la Banque centrale. Les cigales prennent leur revanche sur les fourmis. Et ce n’est pas. Aujourd’hui que l'apport des taxes sur le patrimoine accumulé par les plus fortunés supplantera la contribution de l'IRG sur salaires dans les recouvrements au titre de la fiscalité individuelle. Censé avoir une assiette, l'impôt mangera encore Une fois dans celle des salariés qui participent déjà pour le quart du produit des contributions directes.
Mais les parlementaires privent surtout le gouvernement de l’un de ses arguments phares. Celui-ci n'a pas cessé de répéter, des semaines durant que les dispositions de la loi de finances 2018 consacrent le principe d'équité fiscale entre tous les citoyens. Ils désarment ainsi un Exécutif qui faisaient miroiter l'espoir d'une justice sociale, lui qui peine à mettre en place les réformes nécessaires à une refonte profonde de l'économie nationale seule réponse à la crise financière actuelle. Ils sapent le peu de crédibilité d'une démarche assise sur quelques mesurettes dont le seul objectif est de gonfler les revenus de l'État. Ils portent aussi un coup à la légitimité d'un pouvoir politique, coincé dans une gestion paternaliste des affaires du pays et qui peine à dire une vérité aux citoyens : la seule sortie de crise réside dans le travail et dans l'abandon d'un système qui a porté les rentes et l'assistanat aux nues. La citoyenneté fiscale est la base même de la véritable citoyenneté. C'est celle qui fait le lit du principe de redevabilité publique et de justice sociale. Elle se trouve à la base de toute démocratie.
« La justice sociale se fonde sur l'espoir, sur l'exaltation d'un pays, et non sur les pantoufles », Ces parole du général français Charles de Gaulle sont, en ce sens, à méditer.
MELISSA ROUMADI BELFERAG (capAlgérie)


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