Par Hassane Zerrouky |
MBS, successeur désigné de son père, veut, affirme-t-on, en finir avec l’extrémisme religieux : «Nous n’allons pas passer trente ans à nous accommoder d’idées extrémistes» ! Avec son projet de 500 milliards de dollars, il veut également préparer l’après-pétrole et moderniser son pays.
Mais ira-t-il jusqu’à couper les vivres à la galaxie wahhabite, et parmi elle la mouvance salafiste algérienne dont les liens avec la maison-mère wahhabite relèvent du secret de Polichinelle ? Le doute reste permis. Faute d’une volonté de réforme du dogme religieux en vigueur en Arabie Saoudite, MBS n’a pas manifesté l’intention de se priver de la mouvance salafiste active dans de nombreux pays comme moyen de pression sur les régimes en place, surtout s’il leur venait à l’idée de se rapprocher de l’Iran dont la montée en puissance préoccupe Riyad et surtout MBS. Par conséquent, et pour l’heure, le «hizb saoudi» en Algérie n’a pas trop à s’inquiéter d’autant que les autorités lui foutent une paix royale.
Autre sujet ayant suscité l’émoi, cette ruée de milliers de jeunes Algériens, garçons et filles, désireux d'aller étudier en France, se pressant devant l'entrée de l'Institut français d'Alger (IFA) pour s'inscrire au test de connaissance du français, test indispensable pour aller y étudier. Certains, comme le secrétaire général du FLN, Djamel Ould-Abbès, y ont vu le résultat de «l'invasion culturelle dont l’Algérie est victime» quand d’autres faisaient le lien avec le fait que cet évènement se soit produit à la veille du 1er Novembre, fête nationale.
Mais au lieu de voir un complot ourdi par «hizb frança», encore que ce dernier n’ait pas été mentionné mais implicitement suggéré, il aurait été plus utile de se demander pourquoi soudainement tant de jeunes veulent partir. Il n’y a pas que le manque de perspectives et une situation socio-économique inquiétante qui les poussent à cette extrémité. Autre chose les angoisse. Quand on laisse les islamistes faire régner la loi dans les campus universitaires, quand le pouvoir leur concède des espaces, voire une marge d’autorité en laissant des responsables d’université et de résidence universitaire promulguer des textes anti-républicains teintés de religiosité, alors que dans les années 90 au plus fort du terrorisme, la défense du caractère républicain de l’Etat était opposée à ceux qui voulaient instaurer par la violence un ordre social d’un autre âge, alors il ne faut pas chercher midi à quatorze heures : les jeunes qui veulent vivre avec leur temps, qui ont envie de rêve et non de vivre dans un climat oppressant fait d’interdits de toutes sortes, invoqueront n’importe quel prétexte pour quitter le pays vers le «paradis occidental».
Pour en revenir au salafo-wahhabisme algérien, notamment dans sa version «madkhaliste», doctrine qui se réfère aux écrits du Saoudien Rabi Bin Hadi Al-Madkhali, le danger qu’il se territorialise à partir des espaces concédés par les pouvoirs publics est réel. En Libye, dans la région de Tripoli, les milices islamistes se réclamant de cette doctrine ont pignon sur rue.
Elles reçoivent aide financière et militaire en provenance des pays du Golfe. Elles tiennent en otage le gouvernement de Sarraj et rien ne peut se faire, à tout le moins, sans leur aval. Et en Syrie, durant le siège d’Alep, la plupart des milices islamistes combattant les forces du régime de Bachar, regroupées au sein du Front du Levant, se revendiquaient du courant salafiste madkhaliste. C’est dire…
H. Z. IN LSA
hzerrouky@hotmail.com
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Qu’en pensez vous?