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mercredi 15 novembre 2017

15 novembre 1884 : la conférence de Berlin partage l'Afrique

Elle va redessiner la carte du continent et changer radicalement le destin de ses peuples
La conférence de Berlin de 1884 partage l'Afrique et dessine sa colonisation
Par Jean-Marc Daniel
“Docteur Livingstone, I presume.” Cette formule hyper-célèbre est prononcée en novembre 1871, quand Henry Morton Stanley, journaliste parti à la recherche de l’explorateur David Livingstone, le retrouve. Les deux hommes sont au fin fond de l’Afrique, une Afrique mal connue des Européens et des Africains eux-mêmes. Le récit de leur rencontre publié par Stanley donne un coup de projecteur sur ce continent à une époque où l’Europe, qui se pense surpeuplée, cherche de nouveaux espaces à conquérir.

“Pour endiguer la frénésie de conquête qui s’empare des principales capitales européennes, l’Allemagne prend l’initiative d’un congrès visant à définir les règles de ce qui va être le partage de l’Afrique”
L’expansion coloniale a connu dans l’histoire plusieurs phases. Celle qui commence alors va avoir une ampleur exceptionnelle dans la mesure où elle va redessiner la carte de l’Afrique et changer radicalement le destin de ses peuples. Pour endiguer la frénésie de conquête qui s’empare des principales capitales européennes, l’Allemagne prend l’initiative d’un congrès visant à définir les règles de ce qui va être le partage de l’Afrique. Ce congrès se réunit donc à Berlin, à compter du 15 novembre 1884. Voulue par Bismarck, la conférence s’organise et se déroule selon ses vues. Dès lors que l’Allemagne est désormais unifiée sous la houlette de la Prusse, son objectif est d’éviter tout nouveau conflit entre les pays européens.

Éviter tout conflit entre les pays européens

Parmi les 14 pays qui sont présents, il y a les puissants du moment, comme le Royaume-Uni qui reste le pays dominant malgré un déclin relatif, ou l’Allemagne en pleine ascension. Il y a aussi des participants en position plus délicate, comme les États-Unis, que Bismarck traite avec condescendance, ou la France, en convalescence après sa défaite de 1870 (voir notre chronique sur le 10 mai) et à propos de laquelle Bismarck aurait déclaré : “Faisons en sorte que les Français oublient sur les rives du Congo celles du Rhin”. D’emblée, Bismarck pose comme principe que les participants doivent s’entendre afin qu’aucun coup de feu ne soit échangé entre des troupes en train d’annexer des territoires africains. Le but de l’opération n’est pas uniquement d’affirmer la force diplomatique de la jeune Allemagne, mais bel et bien d’arriver à des résultats très concrets sur les éventuels conflits à venir entre colonisateurs ; tant et si bien que la conférence dure et ne s’achève que le 26 février 1885.
“D’emblée, Bismarck pose comme principe que les participants doivent s’entendre afin qu’aucun coup de feu ne soit échangé entre des troupes en train d’annexer des territoires africains”
Dans la foulée, les Européens se ruent sur l’Afrique, les empires coloniaux se constituent. Des coups de feu seront certes échangés ici ou là, mais l’Europe ne se déchire pas pour l’Afrique. En revanche, celle-ci fait les frais de l’opération. Le XIXe siècle laisse ainsi au XXe siècle un héritage lourd à porter car parmi les drames que ce XXe siècle aura à gérer, il y a ceux nés de la colonisation et de la décolonisation. Il aurait été plus sage pour Bismarck de convaincre les acteurs de ce “congrès de Berlin” non seulement de ne pas se faire la guerre pour l’Afrique, mais encore de ne pas lui faire la guerre dans le but de l’asservir.

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