APS - ALGÉRIE

jeudi 7 avril 2016

TENSIONS ENTRE L’ALGÉRIE ET L’ARABIE SAOUDITE Que veut Riyad ?

http://www.lesoirdalgerie.com/articles/2016/04/04/04042016.jpg La brouille semble totale entre l’Algérie et l’Arabie Saoudite. Exacerbé par les positions algériennes en contradiction avec ses velléités de se transformer en leader du monde arabe, le royaume s’adonne ouvertement à un jeu de nuisance qui en dit long sur les sentiments qu’il nourrit à l’égard de notre pays.

Abla Chérif - Alger - Il y a quelques semaines, l’Arabie Saoudite s’est ainsi exprimée ouvertement en faveur de l’occupation marocaine au Sahara occidental à travers son ambassadeur qui a expliqué que son pays était «pour l’intégrité territoriale marocaine» et qu’il s’apprêtait à mettre en œuvre des projets économiques dans les territoires occupés du Sahara occidental. Le soutien qu’apporte les Saoudiens au Maroc n’est pas une nouveauté en soi, mais le royaume s’était gardé jusqu’à présent de toute déclaration publique sur le sujet, préférant agir à travers des investissements dans les zones sous occupation marocaine.
Des investissements minimes en fait qui donnent davantage l’allure d’œuvres caritatives, centrées sur la construction de mosquées, écoles et hôpitaux, dont le but essentiel vise à marquer la présence saoudienne et celle de monarchies alliées telles que le Qatar au Sahara occidental et manifester par là son soutien aux Marocains. La récente déclaration de l’ambassadeur saoudien au Maroc est dans ce sens différente.
Provocante. Elle est venue raviver la tension qui existait déjà dans les années 1990 lorsque le royaume wahhabite était entré dans une colère noire suite au refus algérien de prendre part à la coalition chargée de soutenir son invasion du Koweït. Les spécialistes algériens des questions internationales soutiennent d’ailleurs que la détérioration des relations entre les deux pays découle de ce refus.
Irritées par l’intransigeance algérienne, les monarchies alliées avaient réagi un peu plus tard par la voix du Qatar qui n’avait pas hésité à brandir des menaces publiques lors d’une réunion de la Ligue arabe en déclarant à un ancien MAE algérien : «Votre tour viendra.»
L’Arabie Saoudite ne tarda malheureusement pas à prendre vengeance en jouant la carte du terrorisme durant la décennie noire qui a failli conduire à la destruction de l’Algérie. Les groupes armés qui ont mis le pays à feu et à sang ont été en partie formés et financés pour mener cette triste besogne. L’Algérie campe sur ses positions. Il y a plus d’un mois, elle a de nouveau provoqué le courroux des dirigeants saoudiens en refusant cette fois de faire partie d’une force militaire sunnite officiellement destinée à combattre le terrorisme mais en réalité dirigée contre l’Iran et le Yémen.
Venant d’un pays aguerri dans la lutte contre le terrorisme et pesant d’un poids certain dans la région, ce refus a été percu comme une gifle de plus. Tout comme celui de ne pas suivre les monarchies du Golfe dans la classification du Hezbollah parmi les groupes terroristes. Le porte-parole du ministère algérien des Affaires étrangères avait alors expliqué qu’une telle décision ne pouvait émaner que des Libanais eux-mêmes. L’Algérie a également fait savoir que le Hezbollah est un «mouvement politico-militaire qui fait partie du paysage politique et social du Liban».
L’Arabie Saoudite et ses alliés ne le voient pas de cet œil et tolèrent encore moins les pays arabes contrevenants à sa politique. Signe des temps, le président Bouteflika a décidé lui aussi d’afficher ouvertement sa désapprobation en évitant de recevoir le MAE saoudien qui s’est posé quelques heures à Alger il y a trois mois. A l’inverse, Bouteflika a recu le ministre syrien des Affaires étrangères qui était en visite dans notre pays au cours de la semaine précédente. De quoi irriter une nouvelle fois le royaume wahhabite qui tente de poursuivre ses petites vengeances en maintenant volontairement la crise sur le marché pétrolier. Dans ce contexte, on ignore cependant l’objectif de la mission dont a été chargé le ministre d’Etat M. Tayeb Belaïz dépêché samedi à Riyad pour remettre une lettre au roi Selmane Ben Abdelaziz. Le contenu de la missive est inconnu mais paraît répondre à un caractère urgent. 


LSA 




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