Par Mohamed Benchicou
En annulant l’acquittement prononcé le 2 novembre dernier en faveur de l’ancien PDG du groupe italien Eni, Paulo Scaroni, soupçonné de concussion avec Chakib Khelil, les magistrats de Milan en charge de l’affaire de corruption dite «Sontrach 2», ont signifié à Amar Saâdani et ses amis fabulateurs qu’ils n’ont pas prêté grand crédit à leurs boniments.
Ils poursuivront donc Paulo Scaroni, ce qui,
pourrait entraîner la convocation de Chakib Khelil, la justice milanaise
détiendrait des preuves de trafic entre les deux hommes (rencontre suspecte
dans un hôtel à Paris, enregistrements de conversations téléphoniques…).
Amar Saâdani aura pourtant mis tout son potentiel
de bobards pour nous dépeindre un Chakib Khelil «honnête et dévoué à sa patrie»
et lui éviter cette mésaventure.
Mais mentir à un Italien c’est comme vouloir
apprendre à un vieux singe à faire la grimace. Dans le domaine de la comédie,
de l’esbroufe, de la séduction et de la mystification, ils ont, depuis
Casanova, quelques siècles d’avance sur le reste de la planète.
Avant de faire son cinéma, Amar Saâdani aurait dû
jeter un œil sur celui d’Ettore Scola ou de Dino Risi : pour duper un Italien
il faut être plus fort que Toto, l’acteur emblématique de la comédie italienne
des années 1940 et 1950, beaucoup plus fort que le matamore Vittorio Gassman,
dragueur, menteur, escroc et "grande gueule".
Et qui sont donc les protagonistes de l’affaire
Sonatrach sinon des personnages typiques de la commedia dell’arte, mais
transposés dans un univers de corruption, de mensonges et de fourberies, comme
le western spaghetti de Sergio Leone qui nous a laissé des titres éloquents :
Pour une poignée de dollars, Et pour quelques dollars de plus…
Notre Amar Saâdani, se serait reconnu dans I
nuovi mostri (Les Nouveaux Monstres), dans ces personnages truculents,
grotesques voire monstrueux, qu’incarnera Nino Manfredi où la fourberie et les
mensonges tiennent lieu de vie quotidienne. Il aurait reconnu Khelil peint en Sordi
sans scrupule par Luigi Comencini dans L’Argent de la vieille, ou en personnage
déchu dans Mio Dio, come sono caduta in basso ! (Mon Dieu, comment suis-je
tombé si bas ?)
Le cinéma italien a même mis en scène l’affaire
Sonatrach il y a soixante-dix ans déjà dans Miracolo à Milano (Miracle à
Milan), œuvre de Vittorio De Sica et Cesare Zavattini. Dans ce film qui a
obtenu la palme d’or au festival de Cannes en 1951, s’affrontent le monde naïf
des pauvres et le monde avide des riches… autour du pétrole ! Pas encore celui
de Hassi-Messaoud, mais celui qui jaillit un beau jour dans un bidonville d’où
seront chassés alors les pauvres et qui deviendra propriété des nouveaux
riches. Incroyable !
LEMATINDZ
LEMATINDZ
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