Sur la route menant au lieu-dit
« Plateau » dans la commune de Aïn Benian, sur la côte ouest d’Alger, un
barrage est improvisé par les gendarmes. Les automobilistes sont
invités à faire demi-tour par les hommes en vert.
Depuis la matinée de ce lundi 28 mars,
les habitants des exploitations agricoles bloquent tous les accès.
Derrière la petite voiture des gendarmes, ce sont eux qui dressent des
« check-points ».
À l’aide de pneus brûlés, de troncs
d’arbres, de gravats, de débris de verre, de poubelles et de barrières
de fer, ils filtrent les entrées et les sorties. Au Plateau, seuls les
bus et les habitants peuvent accéder. « On n’a pas de gaz de ville. Il
n’y a pas d’assainissement et on n’a pas de papiers (prouvant que les
maisons leur appartiennent) », lance l’un des manifestants.
Ce jeune étudiant habite dans le domaine
agricole de Si El Haouas où de nombreuses familles attendent d’être
régularisées depuis plusieurs années. Plus loin, ceux du domaine
agricole du Colonel Amirouche sont dans la même situation. « On nous
considère comme des habitants de bidonvilles. En même temps, des
personnes se sont installées récemment. Elles ont été régularisées ! »,
lâche Smaïl.
Ce n’est pas la première fois que les
habitants du domaine de Si El Haouas bloquent la route pour faire
entendre leurs revendications. Vivant dans des zones faisant partie du
domaine agricole, leur situation n’a jamais été régularisée. Certains
d’entre eux affirment s’y être installés depuis les années 1960 et même
avant l’Indépendance.
Deux poids, deux mesures
Pourquoi les habitants de ces
bidonvilles sont passés à l’action ? « C’est la politique du deux poids,
deux mesures de l’administration. D’un côté, on régularise certains et
on refuse de le faire pour d’autres », dit un cadre à la retraite qui
observe de loin les jeunes protestataires.
Au Plateau, le nom de B., propriétaire
d’une grande bâtisse est sur toutes les lèvres. « Lui a pu régulariser
sa situation même s’il se trouve aussi dans la même zone que nous. C’est
le seul qui a le gaz de ville », accuse un autre habitant de Si El
Haouas.
Selon un responsable local ayant requis
l’anonymat, ce problème devrait être traité dans le cadre du plan
directeur d’aménagement et d’urbanisme (Pdau). « C’est dans le cadre de
ce plan qu’on déterminera quelles sont les zones urbanisables et celles
qui ne le sont pas. Ce plan a été approuvé par toutes les APC et non
dans le cadre de la loi 08-15 relative à la régularisation des
constructions », explique-t-il.
Après le passage du wali délégué pour
discuter avec les habitants protestataires et les convaincre de lever
leurs barrages, ce sont les gendarmes qui sont intervenus pour rouvrir
de force la route à la circulation, assure Salim. « On va voir le wali
délégué jeudi. Si le problème n’est pas réglé. On prendra une
décision », affirme-t-il. Le recours à une nouvelle action de rue n’est
pas exclu. La situation demeure extrêmement tendue.
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