APS - ALGÉRIE

mardi 29 mars 2016

La révolte des habitants d’un quartier « sans papiers » à Aïn Benian à Alger (VIDÉO)

(© TSA, H. G.) 
Sur la route menant au lieu-dit « Plateau » dans la commune de Aïn Benian, sur la côte ouest d’Alger, un barrage est improvisé par les gendarmes. Les automobilistes sont invités à faire demi-tour par les hommes en vert.

Depuis la matinée de ce lundi 28 mars, les habitants des exploitations agricoles bloquent tous les accès. Derrière la petite voiture des gendarmes, ce sont eux qui dressent des « check-points ».
À l’aide de pneus brûlés, de troncs d’arbres, de gravats, de débris de verre, de poubelles et de barrières de fer, ils filtrent les entrées et les sorties. Au Plateau, seuls les bus et les habitants peuvent accéder. « On n’a pas de gaz de ville. Il n’y a pas d’assainissement et on n’a pas de papiers (prouvant que les maisons leur appartiennent) », lance l’un des manifestants.
Ce jeune étudiant habite dans le domaine agricole de Si El Haouas où de nombreuses familles attendent d’être régularisées depuis plusieurs années. Plus loin, ceux du domaine agricole du Colonel Amirouche sont dans la même situation. « On nous considère comme des habitants de bidonvilles. En même temps, des personnes se sont installées récemment. Elles ont été régularisées ! », lâche Smaïl.

Ce n’est pas la première fois que les habitants du domaine de Si El Haouas bloquent la route pour faire entendre leurs revendications. Vivant dans des zones faisant partie du domaine agricole, leur situation n’a jamais été régularisée. Certains d’entre eux affirment s’y être installés depuis les années 1960 et même avant l’Indépendance.

Deux poids, deux mesures

Pourquoi les habitants de ces bidonvilles sont passés à l’action ? « C’est la politique du deux poids, deux mesures de l’administration. D’un côté, on régularise certains et on refuse de le faire pour d’autres », dit un cadre à la retraite qui observe de loin les jeunes protestataires.
Au Plateau, le nom de B., propriétaire d’une grande bâtisse est sur toutes les lèvres. « Lui a pu régulariser sa situation même s’il se trouve aussi dans la même zone que nous. C’est le seul qui a le gaz de ville », accuse un autre habitant de Si El Haouas.
Selon un responsable local ayant requis l’anonymat, ce problème devrait être traité dans le cadre du plan directeur d’aménagement et d’urbanisme (Pdau). « C’est dans le cadre de ce plan qu’on déterminera quelles sont les zones urbanisables et celles qui ne le sont pas. Ce plan a été approuvé par toutes les APC et non dans le cadre de la loi 08-15 relative à la régularisation des constructions », explique-t-il.
Après le passage du wali délégué pour discuter avec les habitants protestataires et les convaincre de lever leurs barrages, ce sont les gendarmes qui sont intervenus pour rouvrir de force la route à la circulation, assure Salim. « On va voir le wali délégué jeudi. Si le problème n’est pas réglé. On prendra une décision », affirme-t-il. Le recours à une nouvelle action de rue n’est pas exclu.  La situation demeure extrêmement tendue.
TSA 

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