APS - ALGÉRIE

dimanche 17 décembre 2017

Arabes/El Qods : la honte



«Ne nous cachons pas la vérité. Politiquement nous sommes les agresseurs et ils se défendent. Ce pays est le leur, parce qu'ils y habitent, alors que nous venons nous y installer et de leur point de vue nous voulons les chasser de leur propre pays. Derrière le terrorisme (des Arabes) il y a un mouvement qui bien que primitif n'est pas dénué d'idéalisme et d'auto-sacrifice.»     

David Ben-Gourion *

Jérusalem dépasse la notion d'une grande métropole. Elle est un symbole et un grand point de fixation. Ville sainte, cité des prophètes, bénédiction de Dieu ; elle jouit d'un statut hors espace beaucoup plus spirituel que territorial. La déclarer comme capitale d'une entité n'est pas de nature à faire trop bouleverser les équilibres fondamentaux d'un monde changeant chaque jour. Elle est assiégée. Ce fait d'occupation accomplie est une ancienneté de facto qui se propose d'être seulement officialisé. Ce n'est qu'un prélude à autre chose, plus difficile cette fois-ci à ingurgiter. Ramener tous les belligérants, protagonistes, résistants vers une reconnaissance progressive. Le p'tit à p'tit en diplomatie est un art de grand couturier.



Trump ou le trompe-œil

A l'exception de ses prédécesseurs, il est pressé de consommer son programme électoral qui n'a recueilli qu'à une voix la fausse majorité. Son p'tit à p'tit va cependant un peu trop vite. Trump est un président qui ne cherche que son intérêt et celui de son pays. Il s'en fout des autres. La décision qu'il avait prise n'est qu'une autre audace supplémentaire dans le registre des frasques signées par ses soins jusque-là. Légitime diront les uns, scandaleuse, grave et dangereuse affirmeront les autres. Lui, il persiste, signe et va de l'avant. L'on ne pense pas qu'il n'ait pas habillement calculé l'impact de la décision ni étudié tous les effets qu'elle aura certainement à entrainer. Des condamnations verbales et autres gesticulations ou expressions enthousiastes, démonstrations de rue ou de prières dans les salles d'ablution, il s'en balance. Il aurait aussi évalué le grand risque qu'encourrait cette opiniâtreté. Le terrorisme et son exacerbation, le regain de nouvelles menaces ne semblent pas l'importuner davantage tant qu'il tient en amont et en aval la télécommande guidant à distance tel ou tel événement, fâcheux ou profitable, chez lui ou chez les autres. Il sait en toute évidence que tous les cris, les coups de gueules les factices fâcheries vont crescendo s'estomper et tomber en oubli comme 1948, les 6 jours, Sabra et Chatila, intifadha ou le blocus de Ghaza. Il compte sur cette amnésie et cette ineptie, se disant que le cirque que font les autres n'est qu'un trompe-œil pour leur population. Il oublie cependant que l'histoire a toujours eu des déclics et des revers de situation.

Géopolitique sournoise

Drôle d'époque. L'Arabie Saoudite qui déclare, par mufti interposé qu'Israël est un Etat souverain, indépendant et reconnu par l'ensemble de la communauté internationale, va nous montrer bientôt d'autres choses. Les Etats arabes qui se regroupent une énième fois en toute urgence et déclarent, demander à Trump de retirer sa reconnaissance de Jérusalem comme capitale d'Israël. Le terrorisme qui n'a maintenant qu'une seule couleur et une seule identité, arabe et musulmane continue à faire les comptes d'un bon registre de commerce. Le Moyen Orient, le sahel et les pays victimes de l'artificiel printemps arabe, sont l'unique espace où s'écoulent les productions de l'industrie militaire de ceux qui persistent à se départager ce qui reste de ce monde vieilli. La mauvaise gouvernance, les pratiques de régimes moribonds encouragés et sournoisement maintenus ont été balayés au nom d'une démocratie qui n'a jamais vu le jour. Les autres en cours d'agonie ou en fin de souffle se voient forcer à abdiquer indépendance et céder souveraineté pour s'enfoncer un peu plus dans la gadoue de la honte et du déshonneur. Enfin les peuples de ces précaires pays, de ces fantoches royaumes, de ces fausses républiques n'ont de tête qu'à prendre le large et ne plus mourir pour un idéal qui a depuis longtemps disparu. C'est un peu ça entre autres la stratégie américaine qui se coud de fil en fil pour remodeler complètement un nouveau paysage international où l'occupant sioniste aura sa place. Cette approche géostratégique aspire dans le moyen terme à faire admettre l'entité honnie comme partenaire privilégié. La probabilité n'est nullement à exclure. Avant les accords de camp David, cette option de rapprochement était de l'impossible, presque un anathème ou un reniement religieux. Les recrutements à cette tendance ont bel et bien commencé. A qui le tour ?

La fin des certitudes

Le monde ne cesse d'accélérer les profondes mutations. Tout se fait à la mesure du muscle, au profit du certain vainqueur et toujours aux dépens du piteux, du suiveur et des sans dents. Le temps des grands révolutionnaires, ceux qui ont refusé de vivre dans un monde où les règles ont été pondues en leur absence n'est plus de mise. Tout a été rapetissé à une échelle de la plus banale des survies. Au début du siècle écoulé, au moins certains esprits épris de justice et d'égalité s'étaient distingués par leur farouche opposition envers un état d'esprit dominateur et hégémonique. Il y a avait deux mondes et un autre, s'appelant le tiers monde. Cette mouvance idéologique avait fait des remous et avait par conséquent su un tant soit peu remodelé le paysage universel dans ses rapports de force. Qu'en est-il en ce jour ? Rien. Il n'y a plus de pays non alignés. Tous se sont alignés. Ils se sont tous rangés derrière cette puissance qui pour se renforcer suscite la haine de l'un face à celle de l'autre. Le recours à une multitude de subterfuges n'a pas manqué de réaliser enfin, pour eux le rêve de commander le globe. Les autres, les pauvres, les jeunes, les demandeurs d'asile n'ont plus de rêves et ne nourrissent nulle ambition que celle de fuir, de s'évader à force d'avoir vu et su comment se gèrent leur quotidien. L'idéalisme d'antan ne rapporte plus. Même l'illusion de l’émancipation demeure interdite à l'exception de celle d'un meilleur horizon non pas chez soi mais dans un ailleurs qui n'est pas sien. Cependant comme dirait l'autre, ils ont oublié que les cadavres qu'ils ont enterrés ne sont en fait que des graines. Le cycle naturel des choses exige que malgré les failles et les chutes d'une génération il viendra le temps fabuleux et glorieux pour qu'une autre plus décidée et alerte ait à changer le cours de l'évolution historique par le triomphe des peuples et la victoire des libertés.

La Palestine, un combat universel

La Palestine qui, une période durant avait constitué le « ciment » du monde arabe et musulman est en voie d'éclatement. Bien au contraire, elle a servi le maintien de certains régimes en mal d'authenticité. Les palestinien restent seuls et encore largement divisés. Ils ne se convergent qu'en termes démographiques alors qu'en termes politiques ils sont dans divers fronts, divers partis, divers pensées. L'idéologie ne les sépare plus comme le fait la flexibilité de principes ou la mollesse de positons. Alors dire et maintenir mordicus que la question palestinienne est une affaire exclusive des arabes ou des musulmans c'est aller droitement vers un emmurement ethnique et religieux. Les grands principes ayant dirigé le monde politique depuis sa naissance exigent selon la philosophie des mouvements d'indépendance et de lutte contre l'oppression et les forces d'occupation que la Palestine est une affaire de tous ceux qui sont épris de liberté et paix. Qu'ils aient ou non une couleur de peau, un titre de clergé ou d’imamat, l'essentiel n'est plus dans une croyance donnée ou dans un type de sang. Il n'est pas génétique, il est d'un caractère universellement humain. Car il s'agit d'un peuple et non pas seulement d'un territoire. Il s'agit aussi d'un territoire et non pas d'un simple bail de location. Dans le citoyen palestinien il y a une diversité riche en courants politiques, en foi et en race quand il n'y a qu'une seule nationalité à défendre, l'Etat palestinien.

Cachez-moi cette ligue !

Ils se sont réunis. Les déclarations étaient fracassantes. Le ton ne s'est jamais égalé depuis la première intifada. Les Etats arabes se sont mis tous d'accord et sur la même longueur d'onde pour décréter sine-die toute une panoplie de mesures à même de ramener les Etats unis d'Amériques et le tout p'tit président mal élu Trump à revoir sa copie. Il a pris grosse peur, le pauvre ! Ils ont décidé de rompre unilatéralement et promptement toutes relations avec ces Etats Unis. Le rappel de leurs ambassadeurs respectifs et la fermeture de toutes les officines diplomatiques et consulaires. Le renvoi in-extremis de tout représentant américain situé en territoire arabe. Le retrait de fonds entreposés dans les banques américaines ou celles ayant une étroite liaison financière avec elles. L'abandon de sièges à titre de protestation au sein de toutes les institutions onusiennes. Le boycott de tous les produits d'origine américaine et faire en sorte de créer un marché inter-arabe commun, libre et en franchise des droits et taxes douaniers. Enfin décider de la mise en place des Etats Unis Arabes (EUA) en vue de mettre rapidement, selon un communiqué un unique haut commandement militaire chargé d'élever une armée et déclarer la guerre sainte ou mal sainte contre l'entité sioniste qualifiée de coupable de tous les maux dont souffre le monde. Ceci n'est qu'un délire, qu'un excès de passion pour la chose. Ça dépasse les règles de l'entendement. Mais puisque le rêve en pareil cas reste permis, faisons un cauchemar de peur que le rêve ne se réalise. Cachez-les moi tous ! Auraient affirmé les révolutionnaires et les partisans du front du refus qui sont à l'outre-tombe.
                                                                        El Yazid Dib le quotidein d'oran
* in le «Triangle Fatidique» de Noam Chomsky. Page 91. Le «Le Sionisme et les Palestiniens» de Simha Flapan . Page 141-2, citant un discours de 1938.

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