La loi de l'Eternel retour est le point solsticial de l'histoire.
Nietszche
L’histoire a des retours cycliques. Elle marque, parfois,
les grandes dates d'une nation et ses gloires brillantes. Il lui arrive de plonger
d'autres nations dans un profond sommeil. Cette remarque prise en considération
nous impose de comprendre notre situation faite de décadence et de chances de
progrès et de résoudre nos problèmes sociaux en fonction cette phase dans
laquelle nous nous trouvons dans le cycle de l'histoire.
Notre plus grande dérive du cheminement de l'histoire est sans
doute notre ignorance de sa genèse. La plus grande erreur des élites est,
peut-être, qu'elles escamotent cette considération de leurs calculs. C'est là
que commence notre désastre et notre égarement.
Rien d'étonnant, les désastres de l'histoire qui égarent le
peuple de sa voie ne sont pas une exception, ils sont assez fréquents. Notre histoire
musulmane en compte au moins un : la bataille de Siffin qui a transformé
l'ambiance de Médine chargée de piété et de motivation de progrès, en ambiance
de Damas où se sont réunis les facteurs de la vie luxuriante et du
ramollissement de la foi. Il ne s'agit donc pas, à un instant déterminé, de
dire n'importe quoi, de faire n'importe quel pas, mais d'approprier les sentiments,
les pensées et les actes à la phase historique que l'on vit soi-même et non à
celle que vit le voisin.
Dans ce domaine, tout plagiat est un suicide ou un
assassinat : Le remède de n'importe quel problème est lié aux facteurs psycho-temporels,
nés d'une certaine idée qui marque la naissance le processus de l'évolution
sociale, dans les limites du cycle étudié. La différence est grande entre des
problèmes que nous étudions dans le cadre du cycle temporel occidental et des problèmes
engendrés à l'intérieur du cycle islamique.
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C'est sur un problème qui se pose en 1367 et non en 1948* que j'essaye de me pencher ici.
Je sais que cette mise au point répugne aux gens qui aiment
se griser de mots séduisants et qui s'accommodent de solutions toutes faites
empruntées chez le voisin.
Je ne veux pas dire toutes les raisons de cette répugnance à
une mise au point pourtant nécessaire et capitale. Le peuple algérien,
répétons-le, est en 1367, c'est-à-dire au point de son cycle où toute son
histoire est encore une simple virtualité. Le fait est d'ailleurs commun à tous
les peuples de l'Islam. Le problème est celui d'une civilisation à sa genèse.
Il ne se pose pas, il est vrai, mais se repose, comme jadis
il y a 1367 ans, avec les mêmes conditions sociales, morales et matérielles.
Celles-ci sont aggravées, il est vrai, par toutes les
Données de l'homme post-almohadien, c'est-à-dire par les séquelles
d'une décadence.
On l'a dit en un mot : le monde musulman renaît. Disons : le
peuple algérien, en particulier, doit renaître En a-t-il les possibilités, les
moyens ? C'est la question capitale.
Le ''Oui'' ou le ''Non'' qui y répondent ne doivent pas être
dus, au caprice, mais aux normes de l'histoire : les ''sunnans immuables''
soulignées par le Coran lui-même et traduites en langage humain grâce au génie
d'lbn Khaldoun.
Pour un peuple qui émerge du néant, comme le peuple algérien
encore tout engourdi de son sommeil
archiséculaire, il s'agit de savoir d'abord s'il dispose du levier nécessaire
pour soulever son destin.
Le Coran a formulé un principe biohistorique qu'il faudrait .....
Considérer de près, non pas à la lumière de la foi, mais à celle de la raison :
''Dieu ne change rien à l'état d'un peuple que celui-ci n'ait, auparavant
transformé son âme.''
Si cela était historiquement vrai, on pourrait répondre
''Oui'' à la question posée, à condition, toutefois, que le peuple algérien soit
capable d'utiliser le levier de son destin : son âme. Il y a donc deux
conditions à vérifier : s'assurer que le ''principe coranique'' est historiquement
vrai et que son application au problème algérien demeure possible.
·
* Ces lignes ont été écrites en 1367 de l’Hégire, correspondant à 1948 de
l'ère chrétienne.
Extrait de : LES CONDITIONS DE LA RENAISSANCE EDITION ANEP 2005
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