APS - ALGÉRIE

dimanche 27 mars 2016

Pourquoi l’allocation touristique va augmenter



Les récentes déclarations du Gouverneur de la Banque d’Algérie sur une prochaine augmentation des plafonds de l’allocation touristique ainsi que  des allocations pour soins à l’étranger et frais de scolarité ont créé un véritable effet de surprise et continuent même de susciter un certain scepticisme. Comment ce qui n’a pas été possible à l’époque ou le prix du baril  dépassait 120 dollars, le serait-il devenu aujourd’hui en pleine période de crise financière ? Décryptage.
Depuis de très nombreuses années les Algériens qui ont décidé de voyager à l’étranger doivent se contenter d’une allocation touristique fixé dernièrement au montant de 120 euros. Un montant dérisoire quand on sait que nos voisins tunisiens et marocains, dont les réserves de change en devises ne dépassent pas quelques mois d’importation, accordent à leurs citoyens un droit au change annuel respectivement de 3000 et 3500 euros. Nos voisins ont en outre la faculté «de cumuler ce montant sur  deux ans ou de le fractionner pour plusieurs sorties».
En dépit  des déclarations pompeuses des responsables de la Banque d’Algérie sur la poursuite du «processus de mise en convertibilité du dinar», la réglementation algérienne en matière de  change au profit des particuliers reste désespérément conservatrice. Elle prévoit 3 principaux  cas de transfert. Il s’agit, outre  l’allocation touristique fixée à la contre valeur de 15 000 DA par an, d’un droit de change au profit des nationaux résidents poursuivant une scolarité à l’étranger. Son montant a été fixé depuis 1996 à 7.500 dinars (70 euros) maximum par mois. Une autre instruction de la Banque d’Algérie a institué, en 1997, un droit de change pour soins à l’étranger fixé à la contre-valeur en devises d’un montant maximum de 120.000 dinars par année civile. Dans ces deux derniers cas également la comparaison avec les pays voisins est accablante. Les citoyens tunisiens par exemple peuvent disposer d’un droit au change pour frais de scolarité à l’étranger qui dépassent 400 euros par mois, sans compter les frais d’inscription pour lesquels la réglementation leur accorde en outre plus de 500 euros.

Déjà en 2013…
Les dernières déclarations de Mohamed Laksaci ne sont pas tout à fait inédites. Au début de l’année 2013, déjà, les mesures évoquées devant les parlementaires par le gouverneur de la Banque d’Algérie concernant l’augmentation de l’allocation touristique annuelle avaient suscité beaucoup d’espoirs. Différentes sources confirmaient en effet que le projet à l’étude à l’époque envisageait une augmentation qui porterait l’allocation annuelle à «un niveau d’au moins 500 euros». Dès le courant du deuxième semestre  2013, ces espoirs étaient déçus et les premiers signes de détérioration de nos équilibres financiers extérieurs avaient conduit le ministre des Finances, M.Karim Djoudi, a annoncé  que la mesure  n’était “pas à l’ordre du jour”.
Le tandem Laksaci-Benkhalfa sur la même longueur d’onde
On estimait, jusqu’aux dernières annonces de M.Laksaci, que, les yeux fixés sur les (mauvaises) performances de la balance des paiements, les autorités financières algériennes avaient peu de chance de remettre le projet à l’ordre du jour dans un avenir proche; la dégradation des marges de manœuvre financière du pays semblant inscrite dans la durée. C’était sans doute sans compter avec les convictions du nouveau ministre des Finances, M. Abderrahmane Benkhalfa. Quelques mois avant son entrée en fonction, il proposait que l’«allocation touristique au profit des Algériens se rendant à l’étranger soit portée à 1.000 dollars». Avec prudence et en bon connaisseur des centres de décisions nationaux, M. Benkhalfa, qui estimait l’impact financier d’une telle mesure à environ 1,5 milliards de dollars par an, précisait que ce seuil pourrait contenir une “clause de sauvegarde”, à réviser chaque année, si la situation financière du pays se dégradait.
Comme beaucoup d’experts nationaux au cours des dernières années, M. Benkhalfa s’est affirmé régulièrement convaincu que l’Algérie a besoin de restaurer l’”homogénéité de  son économie”. Selon lui, “nous avons deux économies, deux dinars, deux pratiques”. En «offrant une allocation touristique digne, et en facilitant le transfert de devises pour le paiement de soins et des études on devrait faire baisser la pression sur le marché informel de la devise  en faisant sortir la masse des  petits porteurs  de ce marché», affirmait M. Benkhalfa. Un premier pas dans la direction d’une «reprise en main de la valeur de la monnaie nationale» souhaitée par le ministre des Finances et qui pourrait bien figurer au menu du «nouveau modèle économique» annoncé pour avril prochain.  C’était également, dans des termes pratiquement identiques, la vision prônée devant les parlementaires par M. Laksaci au début de l’année 2013. Apparemment, le tandem responsable de la gestion des finances du pays semble désormais sur la même longueur d’onde.

Quel montant pour les augmentations ?
Reste à connaitre l’ampleur des augmentations prévues. A l’occasion des annonces faites, mercredi dernier, devant les députés, Mohamed Laksaci est resté très prudent et a précisé qu’il y aurait prochainement «des mesures qui vont augmenter les plafonds de droit au change pour arranger les ménages sans pour autant permettre que ces hausses portent préjudice à la balance des paiements du pays». Une précaution qui semble indiquer que le nouveau montant de l’allocation touristique devrait  être nettement inférieur au 1000 dollars évoqués par M. Benkhalfa. Les pronostics les plus courants varient  entre un doublement de son  niveau actuel  et les 500 euros déjà envisagés par la Banque d’Algérie en 2013. Mais la décision finale, à supposer qu’elle ait déjà été prise, reste pour l’instant un secret bien gardé.

Hassan Haddouche  IN Algérie focus
 

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